Culture : Rituel des funérailles célestes
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Culture : Rituel des funérailles célestes
Bonjour à toutes et à tous.
Voici un nouveau topic centré sur l'Art du Tibet que l'on pourrait facilement intituler :
Que le vent les emportent…
Ce topic a pour but de vous faire découvrir la cérémonie du jhator, connue en occident comme la sépulture de l'air ou :
Le rituel des funérailles célestes.
Mise en garde : Merci de prendre note que vu le caractère brutal de certaines photos, je recommande aux personnes sensibles de lire le texte avant de les visualiser.
Voici un nouveau topic centré sur l'Art du Tibet que l'on pourrait facilement intituler :
Que le vent les emportent…
Ce topic a pour but de vous faire découvrir la cérémonie du jhator, connue en occident comme la sépulture de l'air ou :
Le rituel des funérailles célestes.
Mise en garde : Merci de prendre note que vu le caractère brutal de certaines photos, je recommande aux personnes sensibles de lire le texte avant de les visualiser.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Définition du jhator
Tib : བྱ་གཏོར་ bya gtor
Décris de la façon la plus simple, le terme tibétain jhator désigne le rituel mortuaire bouddhique le plus complet, qui consiste à exposer le corps des défunts sur une aire prévue aux funérailles pour que les rapaces viennent le dévorer. Ces « funérailles célestes » qui sont spécifiquement présentées ici, se déroulait encore en 1985 chaque jour aux abords de Lhassa, aussi banalement qu’aujourd’hui se déroulent, chez nous autres occidentaux, les enterrements ou les incinérations. Issu de la nuit des temps ce rituel, très probablement unique au monde, est pourtant menacé de disparition.
Malgré le caractère parfois choquant de certaines photos, il me s’emble qu’il appartient de faire l'écho de cette cérémonie faisant partie incontestablement du patrimoine culturel de l'homme, et qui illustre, mieux que de long discours, la vision du monde qui prévaut l'âme tibétaine.
Tib : བྱ་གཏོར་ bya gtor
Décris de la façon la plus simple, le terme tibétain jhator désigne le rituel mortuaire bouddhique le plus complet, qui consiste à exposer le corps des défunts sur une aire prévue aux funérailles pour que les rapaces viennent le dévorer. Ces « funérailles célestes » qui sont spécifiquement présentées ici, se déroulait encore en 1985 chaque jour aux abords de Lhassa, aussi banalement qu’aujourd’hui se déroulent, chez nous autres occidentaux, les enterrements ou les incinérations. Issu de la nuit des temps ce rituel, très probablement unique au monde, est pourtant menacé de disparition.
Malgré le caractère parfois choquant de certaines photos, il me s’emble qu’il appartient de faire l'écho de cette cérémonie faisant partie incontestablement du patrimoine culturel de l'homme, et qui illustre, mieux que de long discours, la vision du monde qui prévaut l'âme tibétaine.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Présentation des funérailles célestes
Dans la capitale Lhassa de 1985, en plein cœur du Tibet, ou il vit, Tchampa (le compatissant), se livre chaque jour au même travail. Tchampa est l’un des officiants que l’on appelle par ici un « ragyapa », un « faiseur de cadavres », bien qu’en fait cette appellation est impropre, et que comme nous le comprendrons plus tard, leur véritable nom est plus exactement « topgen », sage, et qu’il suppose une connaissance profonde du processus de la mort.
Vers quatre heures du matin, alors que le soleil n’est pas encore levé, Tchampa prend à l’est la route qui conduit vers le monastère de Sera (l'une des trois grandes universités monastiques Gelug-pa). Après une petite heure de marche, il atteint une colline connue sous le nom de Serashar, ce qui signifie « au levant de Sera ». Et là, au pied de la hauteur, Tchampa perpétue une tradition certainement unique au monde : les fameuses funérailles célestes (le rituel du jhator).
La raison de cet agissement, vient d'abord d'un aspect purement « pratique » : le Tibet est un pays majoritairement montagneux et rocailleux, avec très peu d'arbres à haute altitude. Il y a donc peu de sols disponibles pour enterrer les morts, et peu d'arbres pour organiser des bûchers. Il faut donc une autre solution, c’est pourquoi cette forme de funérailles a donc remplacée la crémation des origines.
De plus, selon le bouddhisme tantrique, l’âme de la personne décédée part dans les bardos (nous y reviendrons) pour être réincarnée, alors que l'enveloppe de chair reste sur terre comme une simple coquille vide. Le fait de nourrir les rapaces avec cette chair est donc considéré comme un retour complet à la nature, le dernier don de soi de la part du défunt à la terre qui l'a fait naître. Cependant, le rituel du jhator est une cérémonie très codifiée et très chère. Les gens qui ne peuvent pas offrir la cérémonie proprement dite au corps du défunt se contentent de placer le corps sur des hauteurs afin que celui-ci soit dévoré par les rapaces. Il faut donc retenir qu’il existe deux types de cérémonie : le jhator (avec rituel) et le jhator (sans rituel).
Dans la capitale Lhassa de 1985, en plein cœur du Tibet, ou il vit, Tchampa (le compatissant), se livre chaque jour au même travail. Tchampa est l’un des officiants que l’on appelle par ici un « ragyapa », un « faiseur de cadavres », bien qu’en fait cette appellation est impropre, et que comme nous le comprendrons plus tard, leur véritable nom est plus exactement « topgen », sage, et qu’il suppose une connaissance profonde du processus de la mort.
Vers quatre heures du matin, alors que le soleil n’est pas encore levé, Tchampa prend à l’est la route qui conduit vers le monastère de Sera (l'une des trois grandes universités monastiques Gelug-pa). Après une petite heure de marche, il atteint une colline connue sous le nom de Serashar, ce qui signifie « au levant de Sera ». Et là, au pied de la hauteur, Tchampa perpétue une tradition certainement unique au monde : les fameuses funérailles célestes (le rituel du jhator).
La raison de cet agissement, vient d'abord d'un aspect purement « pratique » : le Tibet est un pays majoritairement montagneux et rocailleux, avec très peu d'arbres à haute altitude. Il y a donc peu de sols disponibles pour enterrer les morts, et peu d'arbres pour organiser des bûchers. Il faut donc une autre solution, c’est pourquoi cette forme de funérailles a donc remplacée la crémation des origines.
De plus, selon le bouddhisme tantrique, l’âme de la personne décédée part dans les bardos (nous y reviendrons) pour être réincarnée, alors que l'enveloppe de chair reste sur terre comme une simple coquille vide. Le fait de nourrir les rapaces avec cette chair est donc considéré comme un retour complet à la nature, le dernier don de soi de la part du défunt à la terre qui l'a fait naître. Cependant, le rituel du jhator est une cérémonie très codifiée et très chère. Les gens qui ne peuvent pas offrir la cérémonie proprement dite au corps du défunt se contentent de placer le corps sur des hauteurs afin que celui-ci soit dévoré par les rapaces. Il faut donc retenir qu’il existe deux types de cérémonie : le jhator (avec rituel) et le jhator (sans rituel).
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Le processus de la mort selon le bouddhisme tibétain
Pour le bouddhisme tibétain et selon les textes du Bardo-Thödol, le corps humain est composé de quatre éléments de la matière : la terre, l’eau, le feu et le vent. Eléments qui soutiennent le corps comme des piliers.
Sur le point de mourir, l’homme ne peut plus bouger car le pouvoir de l’élément terre est aboli. C'est alors que l'élément eau se manifeste et le moribond a l'impression de flotter dans une masse liquide. Puis progressivement, le corps s'assèche, l'eau laisse place à l'élément feu et le mourant sent qu'une fumée légère l'enveloppe. Petit à petit la chaleur du corps se dissipe. Si elle se dirige vers le bas, c'est signe d'une renaissance malheureuse sous forme d'animal ou de démon, si elle se dirige vers le haut la personne revivra comme un dieu, un demi-dieu ou un homme. A ce stade, l'esprit n'est plus supporté que par l'élément vent et l'agonisant voit des lueurs danser autour de lui.
La respiration s'arrête après la disparition du vent. C'est la mort du corps physique et grossier mais l'esprit, lui, continue de vivre dans ce que les tibétains nomment « l'air subtil ». La conscience du défunt s'estompe et se dissout en une douce quiétude qui dure, selon le Bardo-Thödol, de trois jours et demi à quatre jours.
Cette période est appelée : Chikkhai-Bardo (en tibétain : འཆི་ཁ་བར་དོ། 'chi kha bar do, prononcé tchikaï-bardo).
Un lama officiant entre alors en action. Ce lama prêtre appelé Hpho-bo (prononcer pho-o) prépare le mort à traverser les différents bardos, l'état transitoire de quarante-neuf jours qui précède sa prochaine renaissance. (Notez que le terme tibétain བར་དོ། bardo, veut dire littéralement entre-deux état, état de transition).
Le lama lui récite à l'oreille les instruction du livre des morts tibétains (Bardo-Thödol) afin qu'il renaisse dans des conditions favorables. Puis intervient le rituel de l’extraction du principe conscient qui consiste à vérifier et à faciliter la séparation du corps et de l'esprit qui doit s'échapper par "l'ouverture de Brahma" (située au sommet de la tête, sur la suture sagittale à la jonction des deux pariétaux). Il prononce des mantras et des formules sacrées pour provoquer cette ouverture et, pour aider le "passage", va même jusqu'à enlever des cheveux à cet emplacement.
Pour le bouddhisme tibétain et selon les textes du Bardo-Thödol, le corps humain est composé de quatre éléments de la matière : la terre, l’eau, le feu et le vent. Eléments qui soutiennent le corps comme des piliers.
Sur le point de mourir, l’homme ne peut plus bouger car le pouvoir de l’élément terre est aboli. C'est alors que l'élément eau se manifeste et le moribond a l'impression de flotter dans une masse liquide. Puis progressivement, le corps s'assèche, l'eau laisse place à l'élément feu et le mourant sent qu'une fumée légère l'enveloppe. Petit à petit la chaleur du corps se dissipe. Si elle se dirige vers le bas, c'est signe d'une renaissance malheureuse sous forme d'animal ou de démon, si elle se dirige vers le haut la personne revivra comme un dieu, un demi-dieu ou un homme. A ce stade, l'esprit n'est plus supporté que par l'élément vent et l'agonisant voit des lueurs danser autour de lui.
La respiration s'arrête après la disparition du vent. C'est la mort du corps physique et grossier mais l'esprit, lui, continue de vivre dans ce que les tibétains nomment « l'air subtil ». La conscience du défunt s'estompe et se dissout en une douce quiétude qui dure, selon le Bardo-Thödol, de trois jours et demi à quatre jours.
Cette période est appelée : Chikkhai-Bardo (en tibétain : འཆི་ཁ་བར་དོ། 'chi kha bar do, prononcé tchikaï-bardo).
Un lama officiant entre alors en action. Ce lama prêtre appelé Hpho-bo (prononcer pho-o) prépare le mort à traverser les différents bardos, l'état transitoire de quarante-neuf jours qui précède sa prochaine renaissance. (Notez que le terme tibétain བར་དོ། bardo, veut dire littéralement entre-deux état, état de transition).
Le lama lui récite à l'oreille les instruction du livre des morts tibétains (Bardo-Thödol) afin qu'il renaisse dans des conditions favorables. Puis intervient le rituel de l’extraction du principe conscient qui consiste à vérifier et à faciliter la séparation du corps et de l'esprit qui doit s'échapper par "l'ouverture de Brahma" (située au sommet de la tête, sur la suture sagittale à la jonction des deux pariétaux). Il prononce des mantras et des formules sacrées pour provoquer cette ouverture et, pour aider le "passage", va même jusqu'à enlever des cheveux à cet emplacement.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Les modes funéraires au Tibet
Les modes funéraires au Tibet sont liés à cette représentation du corps et de la mort. Ils symbolisent le retour du corps dans l'un de ses quatre éléments : l'inhumation est le retour à la terre, l'immersion à l'élément eau, la crémation à l'élément feu. Et les funérailles célestes à l'élément vent (les rapaces étant associés à l’air).
Théoriquement un lama astrologue (lama tsi-pa) choisit le mode funéraire. Dans la pratique, l'adoption de tel ou tel mode dépend du statut social du mort ou des circonstances de son décès. Elle varie aussi selon les régions car au Tibet central le manque de bois limites les familles qui peuvent assumer les dépenses d'un bûcher. A l'est du pays, très boisé, on incinère tous les mort. A Lhassa, l'inhumation est réservée aux personnes morte d'une maladie contagieuse et on immerge dans les torrents les enfants mort en bas âge (moins d'un an). Reste donc pour la majorité des défunts le rituel des funérailles célestes.
On peut (peut être encore à ce jour) rencontrer les derniers maîtres d'œuvre de ce rituel (non sans difficultés), au célèbre temple de Ramoché (le plus sacré de Lhassa), qui communique, dit-on, aux enfers et au palais de cristal des Nâgas (dragons-serpent aquatiques des profondeurs de la Terre).
Ce rituel a très souvent été utilisé en Chine à des fins politiques. La propagande chinoise s'en sert encore aujourd’hui pour stigmatiser la pseudo-sauvagerie des Tibétains et pour conforter les Chinois dans leur mission civilisatrice du Tibet. Il est très probable que les funérailles célestes (organisée selon le rituel) vont s'éteindre très prochainement (si ce n’est déjà fait) et ce métier aussi.
Il ne restait à Lhassa en 1985 qu'une douzaine de dépeceurs (considérés comme une caste vile), et on pensait à cette époque que d'ici une vingtaine d'années (donc sur les coups des années 2000) que la cérémonie et le rituel auraient pratiquement totalement disparue.
Les modes funéraires au Tibet sont liés à cette représentation du corps et de la mort. Ils symbolisent le retour du corps dans l'un de ses quatre éléments : l'inhumation est le retour à la terre, l'immersion à l'élément eau, la crémation à l'élément feu. Et les funérailles célestes à l'élément vent (les rapaces étant associés à l’air).
Théoriquement un lama astrologue (lama tsi-pa) choisit le mode funéraire. Dans la pratique, l'adoption de tel ou tel mode dépend du statut social du mort ou des circonstances de son décès. Elle varie aussi selon les régions car au Tibet central le manque de bois limites les familles qui peuvent assumer les dépenses d'un bûcher. A l'est du pays, très boisé, on incinère tous les mort. A Lhassa, l'inhumation est réservée aux personnes morte d'une maladie contagieuse et on immerge dans les torrents les enfants mort en bas âge (moins d'un an). Reste donc pour la majorité des défunts le rituel des funérailles célestes.
On peut (peut être encore à ce jour) rencontrer les derniers maîtres d'œuvre de ce rituel (non sans difficultés), au célèbre temple de Ramoché (le plus sacré de Lhassa), qui communique, dit-on, aux enfers et au palais de cristal des Nâgas (dragons-serpent aquatiques des profondeurs de la Terre).
Ce rituel a très souvent été utilisé en Chine à des fins politiques. La propagande chinoise s'en sert encore aujourd’hui pour stigmatiser la pseudo-sauvagerie des Tibétains et pour conforter les Chinois dans leur mission civilisatrice du Tibet. Il est très probable que les funérailles célestes (organisée selon le rituel) vont s'éteindre très prochainement (si ce n’est déjà fait) et ce métier aussi.
Il ne restait à Lhassa en 1985 qu'une douzaine de dépeceurs (considérés comme une caste vile), et on pensait à cette époque que d'ici une vingtaine d'années (donc sur les coups des années 2000) que la cérémonie et le rituel auraient pratiquement totalement disparue.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Déroulement du rituel du jhator
Retour en 1985 : le troisième ou quatrième jour après le décès (fin de période du Chikkhai-Bardo), la famille du défunt vient quérir Tchampa pour apprêter le mort qu'il dénude et dont il lie les membres en position assise, à la manière des momies. Puis il enveloppe le cadavre dans un tissu de laine blanche, le phrug.
Le lendemain, dès l'aube, selon la tradition, l'héritier de la famille porte le mort jusqu'au seuil de la maison. Là, Tchampa prend en charge le corps qu'il mène souvent sur son dos, quelquefois en charrette, sur l'aire de découpage (il en existe deux près de Lhassa). Enfin, il dépose le cadavre sur l'autel. L'autel est une énorme dalle rocheuse surélevée artificiellement où reposent trois corps emballé de blanc. Sur les crêtes environnantes, des dizaines de vautours, déployant leurs ailes immenses, attendent déjà, vigilants, le geste familier de leurs complices humains. Près de l'autel, les dépeceurs sont réunis autour d'un feu de branches de pin et de cyprès qui attire, les oiseaux sacrés. Ce spectacle donne l'impression d'un sacrifice imminent et on ne peut s' empêcher de songer au rituel tantrique du gcöd (prononcé tcheu et signifiant couper, trancher), introduit au Tibet par le saint indien Padampa Sangyé (contemporain de Milarépa) au début du XIIème siècle et qui coïncide avec l'apparition dans ce pays de la coutume du découpage des morts.
Certains ne peuvent se résigner à ne voir dans ces funérailles célestes (avec ou sans rituel) qu'un moyen pour se débarrasser des cadavres dans une régions où le bois est rare. Tout, dans cette cérémonie, se prête à des interprétations ésotériques, même si les explication données par les derniers dépeceurs demeurent simplistes. Mais après tout, l'origine de la coutume se perd dans la nuit des temps et son symbolisme peut ne plus être connu par ceux-là même qui la perpétuent.
Les officiants prennent un repas de thé au beurre et de la tsampa, farine d'orge grillée, qui précède la cérémonie. Pendant les préparatifs, l'un des dépeceurs allume de petits feux de genévriers, puis verse de la tsampa sur les cendres pour guider l'âme du corps vers le ciel. Les autres affûtent soigneusement leurs outils de travail : couteaux à découper la chair (sha-gri), à la forme finement courbée, et couteaux à découper les os (rus-gri), à lame droites et épaisses. Enfin les dépeceurs se rendent à l'autel et dénudent les corps.
Tout va ensuite très vite, car les dépeceurs répètent des gestes millénaires.
Le cadavre est couché sur le ventre et Tchampa, d'un seul coup, tranche toute la longueur du dos au niveau de la colonne vertébrale. Il utilise d'abord son couteau à découper la chair et dissèque entièrement le corps. Les morceaux de chair s'empilent autour de lui. Tchampa saisit son couteau à découper les os et tranche les articulations. Deux participants broient au fur et à mesure les os et la chair en les martelant avec de grosses pierres, puis mélangent le tout à de la tsampa (purificatrice).
Du cadavre maintenant il ne reste plus que la tête, dernière partie du corps à être travaillée (la plus importante). Tchampa arrache les cheveux et les oreilles. C'est le moment fort de la cérémonie. Tchampa place le crâne enveloppé de tissu dans une cavité spécialement aménagée dans le roc. Il s'empare d'une grosse pierre qu'il élève à bout de bras puis se fige. Il se recueille et ânonne le mantra sacré de Tchènrézig : Om Mani Padme Hum pendant plusieurs minutes. Puis il précipite violemment la pierre sur le crâne. Protégés par le tissu, les éclats de boite crânienne ne se dispersent pas. Si quelques débris s'échappent toutefois, on s'empresse de les rassembler, car c'est mauvais signe. L'examen des fragments du crâne commence, car il s'agit de savoir si le "principe conscient" est bien sorti. Tchampa recherche un petit trou très spécifique dans les os : l'ouverture de Brahma (en fait il est assez rare d'en trouver).
Pendant ce temps, les broyeurs ont continué leur méthodique besogne. Ossements et chairs sont enfin amalgamés en boulettes afin de faciliter le travail des vautours car le cadavre doit disparaitre totalement si l'on veut que l'âme soit tout à fait libérée.
Dernier stade : pour que les rapaces ne les égaillent pas, les boulettes de chair sont attachées à de lourdes pierres au centre de l'autel; puis tout le monde quitte le rocher. Tchampa claque des doigts. A ce signal, c'est la cohue. Les nombreux vautours qui s'étaient rapprochés pendant la cérémonie s'abattent sur les masses informes.
Le festin est rapidement consommé (en 5 minutes) par ces oiseaux sacrés que les Tibétains respectent pour le rôle qu'ils tiennent lors du rituel. Il peut y en avoir beaucoup : jusqu'à 200 sur un seul corps ! Les dépeceurs remballent leurs outils, puis comme ils possèdent certaines connaissances anatomiques ( acquissent avec l’expérience), ils discutent des causes de la mort qu'ils ont cru déceler dans l'observation des cadavres.
Les funérailles célestes sont alors finies. Le corps est retourné au vent. Dans la vision bouddhique, en effet, l'être humain ne connait qu'un bref passage sur cette terre et, à la mort, l'enveloppe charnelle n'est qu'un vêtement dérisoire que l'on abandonne pour en vêtir un autre dans une vie future.
* * *
Retour en 1985 : le troisième ou quatrième jour après le décès (fin de période du Chikkhai-Bardo), la famille du défunt vient quérir Tchampa pour apprêter le mort qu'il dénude et dont il lie les membres en position assise, à la manière des momies. Puis il enveloppe le cadavre dans un tissu de laine blanche, le phrug.
Le lendemain, dès l'aube, selon la tradition, l'héritier de la famille porte le mort jusqu'au seuil de la maison. Là, Tchampa prend en charge le corps qu'il mène souvent sur son dos, quelquefois en charrette, sur l'aire de découpage (il en existe deux près de Lhassa). Enfin, il dépose le cadavre sur l'autel. L'autel est une énorme dalle rocheuse surélevée artificiellement où reposent trois corps emballé de blanc. Sur les crêtes environnantes, des dizaines de vautours, déployant leurs ailes immenses, attendent déjà, vigilants, le geste familier de leurs complices humains. Près de l'autel, les dépeceurs sont réunis autour d'un feu de branches de pin et de cyprès qui attire, les oiseaux sacrés. Ce spectacle donne l'impression d'un sacrifice imminent et on ne peut s' empêcher de songer au rituel tantrique du gcöd (prononcé tcheu et signifiant couper, trancher), introduit au Tibet par le saint indien Padampa Sangyé (contemporain de Milarépa) au début du XIIème siècle et qui coïncide avec l'apparition dans ce pays de la coutume du découpage des morts.
Certains ne peuvent se résigner à ne voir dans ces funérailles célestes (avec ou sans rituel) qu'un moyen pour se débarrasser des cadavres dans une régions où le bois est rare. Tout, dans cette cérémonie, se prête à des interprétations ésotériques, même si les explication données par les derniers dépeceurs demeurent simplistes. Mais après tout, l'origine de la coutume se perd dans la nuit des temps et son symbolisme peut ne plus être connu par ceux-là même qui la perpétuent.
Les officiants prennent un repas de thé au beurre et de la tsampa, farine d'orge grillée, qui précède la cérémonie. Pendant les préparatifs, l'un des dépeceurs allume de petits feux de genévriers, puis verse de la tsampa sur les cendres pour guider l'âme du corps vers le ciel. Les autres affûtent soigneusement leurs outils de travail : couteaux à découper la chair (sha-gri), à la forme finement courbée, et couteaux à découper les os (rus-gri), à lame droites et épaisses. Enfin les dépeceurs se rendent à l'autel et dénudent les corps.
Tout va ensuite très vite, car les dépeceurs répètent des gestes millénaires.
Le cadavre est couché sur le ventre et Tchampa, d'un seul coup, tranche toute la longueur du dos au niveau de la colonne vertébrale. Il utilise d'abord son couteau à découper la chair et dissèque entièrement le corps. Les morceaux de chair s'empilent autour de lui. Tchampa saisit son couteau à découper les os et tranche les articulations. Deux participants broient au fur et à mesure les os et la chair en les martelant avec de grosses pierres, puis mélangent le tout à de la tsampa (purificatrice).
Du cadavre maintenant il ne reste plus que la tête, dernière partie du corps à être travaillée (la plus importante). Tchampa arrache les cheveux et les oreilles. C'est le moment fort de la cérémonie. Tchampa place le crâne enveloppé de tissu dans une cavité spécialement aménagée dans le roc. Il s'empare d'une grosse pierre qu'il élève à bout de bras puis se fige. Il se recueille et ânonne le mantra sacré de Tchènrézig : Om Mani Padme Hum pendant plusieurs minutes. Puis il précipite violemment la pierre sur le crâne. Protégés par le tissu, les éclats de boite crânienne ne se dispersent pas. Si quelques débris s'échappent toutefois, on s'empresse de les rassembler, car c'est mauvais signe. L'examen des fragments du crâne commence, car il s'agit de savoir si le "principe conscient" est bien sorti. Tchampa recherche un petit trou très spécifique dans les os : l'ouverture de Brahma (en fait il est assez rare d'en trouver).
Pendant ce temps, les broyeurs ont continué leur méthodique besogne. Ossements et chairs sont enfin amalgamés en boulettes afin de faciliter le travail des vautours car le cadavre doit disparaitre totalement si l'on veut que l'âme soit tout à fait libérée.
Dernier stade : pour que les rapaces ne les égaillent pas, les boulettes de chair sont attachées à de lourdes pierres au centre de l'autel; puis tout le monde quitte le rocher. Tchampa claque des doigts. A ce signal, c'est la cohue. Les nombreux vautours qui s'étaient rapprochés pendant la cérémonie s'abattent sur les masses informes.
Le festin est rapidement consommé (en 5 minutes) par ces oiseaux sacrés que les Tibétains respectent pour le rôle qu'ils tiennent lors du rituel. Il peut y en avoir beaucoup : jusqu'à 200 sur un seul corps ! Les dépeceurs remballent leurs outils, puis comme ils possèdent certaines connaissances anatomiques ( acquissent avec l’expérience), ils discutent des causes de la mort qu'ils ont cru déceler dans l'observation des cadavres.
Les funérailles célestes sont alors finies. Le corps est retourné au vent. Dans la vision bouddhique, en effet, l'être humain ne connait qu'un bref passage sur cette terre et, à la mort, l'enveloppe charnelle n'est qu'un vêtement dérisoire que l'on abandonne pour en vêtir un autre dans une vie future.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Voici quelques photos des préparation du rituel des funérailles célestes.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Un rocher sert d'autel, trois corps emballés de blanc y reposent.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Tout va très vite car le dépeceur répète des gestes millénaires.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Le corps des hommes n'est qu'un vêtement offert aux vautours. Que le vent les emportent...
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Voici une autres série de photo du jhator (cette fois ci, sans rituel). Les clichés sont beaucoup plus récent et date du mois d'Aout 2010.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Ces images de funrérailles doivent nous rappeler une chose : la loi d’impermanence , qui est, selon le bouddhisme, l'une des trois caractéristiques de toutes existences conditionnées. Le fait que tout est constamment changeant, on ne peut absolument rien trouver de permanent dans les phénomènes.
Toutes les choses sont soumissent à la loi d’impermanence. Cette loi, c'est l'apparition, le passage et la transformation des choses ou la disparition des choses qui ont commencé à être ou qui ont apparu. Cela signifie que ces choses ne persistent jamais de la même façon, mais qu'elles disparaissent et se dissolvent d'un moment à l'autre. Les choses et les êtres sont comme les eaux des rivières constamment changeantes. Ils sont impermanents et donc différents lors de deux instants consécutifs aussi rapprochés soient-ils.
Toutes les choses sont soumissent à la loi d’impermanence. Cette loi, c'est l'apparition, le passage et la transformation des choses ou la disparition des choses qui ont commencé à être ou qui ont apparu. Cela signifie que ces choses ne persistent jamais de la même façon, mais qu'elles disparaissent et se dissolvent d'un moment à l'autre. Les choses et les êtres sont comme les eaux des rivières constamment changeantes. Ils sont impermanents et donc différents lors de deux instants consécutifs aussi rapprochés soient-ils.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaines
Fabuleux topic, comme d'hab. Merci Bhikkhus, très belle contribution !
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaines
Très bon topic, Bhikkhus ! Tu vas finir khènpo, un de ces quatre ^^
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaine.
Je vient de tomber sur ces dix superbes clichés (un peu trop sombre peu être) qui semble être extrait du Bardo-Thödol. Pour le coup, je ne savais vraiment pas trop où les mettre : traduction du tibétain vers le français, calligraphie manuscrite, vieux parchemins... ils peuvent un peu aller partout. J'ai pensé à habiller cet ancien topic car il n'y à rien a proprement parlé sur le Bardo-Thödol (mais on peut toujours les changer de place).Bhikkhus a écrit :Un lama officiant [...] prépare le mort à traverser les différents bardos, l'état transitoire de quarante-neuf jours qui précède sa prochaine renaissance. [...] Le lama lui récite à l'oreille les instruction du livre des morts tibétains (Bardo-Thödol) afin qu'il renaisse dans des conditions favorables.
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaines
A ce propos, je vous conseille de lire :
XINRAN
Funérailles célestes
Traduit par Maïa Bhâratî
"Funérailles célestes dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique. Cette histoire d'amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort, est également une histoire vraie : celle d'une jeune chinoise, Wen, qui parcourut pendant trente années les hauts plateaux tibétains, à la recherche de son mari disparu au combat.
Sortie en janvier 2005"
Collection Chine
XINRAN
Funérailles célestes
Traduit par Maïa Bhâratî
"Funérailles célestes dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique. Cette histoire d'amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort, est également une histoire vraie : celle d'une jeune chinoise, Wen, qui parcourut pendant trente années les hauts plateaux tibétains, à la recherche de son mari disparu au combat.
Sortie en janvier 2005"
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Re: Rituel des funérailles célestes tibétaines
Je l'ai acheté et lu il y a quelques temps déjà.
C'est un beau récit, mais on reste un peu baba devant tant d'abnégation. Enfin, c'est l'effet que ce bouquin m'a fait.
C'est un beau récit, mais on reste un peu baba devant tant d'abnégation. Enfin, c'est l'effet que ce bouquin m'a fait.
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Je n'avais pas pris le temps de commenter cet excellent sujet.
Je connaissais le rituel de bya-gtor mais je n'en avais jamais vu de photos si "réalistes".
Merci encore pour ce fil aussi documenté que passionnant.
J'aime bien la traduction française de "funérailles célestes", tellement plus "spirituelle" que le tibétain "oiseau + détruire/disperser". Décidément, ces Tibétains appellent un chat un chat, ou un vautour un vautour...
C'est sûr que "dispersion aux rapaces" sonnerait un peu trop réaliste pour nos oreilles occidentales.
ps : les faiseurs de cadavres, ragyapa ou rogyapa (avec ro = cadavre), peut-être ro-rgyag-pa ?
Je connaissais le rituel de bya-gtor mais je n'en avais jamais vu de photos si "réalistes".
Merci encore pour ce fil aussi documenté que passionnant.
J'aime bien la traduction française de "funérailles célestes", tellement plus "spirituelle" que le tibétain "oiseau + détruire/disperser". Décidément, ces Tibétains appellent un chat un chat, ou un vautour un vautour...
C'est sûr que "dispersion aux rapaces" sonnerait un peu trop réaliste pour nos oreilles occidentales.
ps : les faiseurs de cadavres, ragyapa ou rogyapa (avec ro = cadavre), peut-être ro-rgyag-pa ?
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Merci pour tous ces renseignements Bhikkus, très intéressant et très bien documenté.
Voici deux photos qui m'avaient poussé à chercher des infos à ce sujet (partage impossible, on ne peut mettre que les liens) :
Sky burial corpse worker called rogyappa
Even children know and understand what a sky burial is (j'aime particulièrement celle-ci)
Voici deux photos qui m'avaient poussé à chercher des infos à ce sujet (partage impossible, on ne peut mettre que les liens) :
Sky burial corpse worker called rogyappa
Even children know and understand what a sky burial is (j'aime particulièrement celle-ci)
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Ah oui ces photos sont incroyables !
Ces gros vautours qui attendent que les os soient écrasés... Mais ils n'ont pas l'air d'avoir trop faim et ont l'air bien nourris...
Ces gros vautours qui attendent que les os soient écrasés... Mais ils n'ont pas l'air d'avoir trop faim et ont l'air bien nourris...
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Merci pour ce topic très documenté
Je ne savais pas, cependant, que les corps étaient ainsi "apprêtés". Je pensais que le corps était juste "offert" aux vautours, comme ça.
Je trouve que c'est un rapport beaucoup plus sain à la mort que tout ce qu'on trouve dans nos civilisations occidentales. Après, ce n'est qu'un avis personnel bien sûr
Je ne savais pas, cependant, que les corps étaient ainsi "apprêtés". Je pensais que le corps était juste "offert" aux vautours, comme ça.
Je trouve que c'est un rapport beaucoup plus sain à la mort que tout ce qu'on trouve dans nos civilisations occidentales. Après, ce n'est qu'un avis personnel bien sûr
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- Scribe de Montibet
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Cette préparation n'est pas automatique. Le jhator étant une cérémonie très codifiée et particulièrement chère, les personnes qui ne peuvent pas offrir la cérémonie proprement dite au corps du défunt se contentent donc simplement de placer le corps sur des hauteurs afin que celui-ci soit dévoré par les rapaces.Pan a écrit :Je ne savais pas, cependant, que les corps étaient ainsi "apprêtés". Je pensais que le corps était juste "offert" aux vautours, comme ça.
Au Tibet, le fait de nourrir les rapaces avec cette chair est considéré comme un retour complet à la nature. Le dernier don de la part du défunt à la Terre qui l'a fait naître. Il est d'ailleurs dit que pour que « l’esprit » soit complètement libéré, il ne doit rien rester du défunt.Pan a écrit :Je trouve que c'est un rapport beaucoup plus sain à la mort
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Certes. Je pensais toutefois que c'était valable pour tous les corps, le fait d'être déposé "tel quel"Bhikkhus a écrit : Cette préparation n'est pas automatique. Le jhator étant une cérémonie très codifiée et particulièrement chère, les personnes qui ne peuvent pas offrir la cérémonie proprement dite au corps du défunt se contentent donc simplement de placer le corps sur des hauteurs afin que celui-ci soit dévoré par les rapaces.
Je suis depuis quelques semaines penchée sur la lecture du Bardo Thödol, c'est un texte assez peu accessible, en fait, pour les non-initiés. Heureusement, la présence d'un commentaire permet de s'en dépatouiller sans trop de dommages.
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- Scribe de Montibet
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
D’autant plus que la perspective selon le bouddhisme tibétain sur la vie et la mort est une vision totale puisqu’il n’existe pas la moindre barrière entre ce que nous appelons (en Occident) la « Vie » et la « Mort ». C'est une notion (non évidente) à prendre en considération dès le départ.Pan a écrit :la lecture du Bardo Thödol, c'est un texte assez peu accessible, en fait, pour les non-initiés
La version de 1927 du vénérable Dawa Samdump est un de mes textes de prédilection ! C’est en fait le premier ouvrage qui m’a véritablement orienté vers le bouddhisme tantrique. Je l’ai déjà parcouru plusieurs fois et je reconnais toujours qu’il est particulièrement ardu à la lecture et à la compréhension (même avec les commentaires de bas de page). Néanmoins, il reste un formidable pilier des ouvrages ésotériques et c’est entre autre pour une meilleure compréhension de ces pages que j’élabore mon glossaire.
Pour de très bonnes informations complémentaire sur cet ouvrage, je te conseile de visionner les vidéos indiquées ici :
http://www.montibet.com/forum/viewtopic.php?f=15&t=504
Bien à toi.
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- Sherpa
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Re: Culture : Rituel des funérailles célestes
Voilà. Heureusement, je couple cette lecture avec d'autres livres sur le bouddhisme qui me permettent de recouper les informations.
Merci pour les liens vidéo. Je les regarderai dès ce soir !
Bonne fin de journée
Merci pour les liens vidéo. Je les regarderai dès ce soir !
Bonne fin de journée