Culture : Légendes et histoires

Pour découvrir l'art du Tibet, photos, recettes de cuisines etc.
Namkhaï
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Grimoire : Exterieur & pp 01-02
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Grimoire pp 03-05
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Grimoire pp 06-08
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Grimoire pp 09-11
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Grimoire pp 12-14
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Grimoire p15
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FlowersOfSakura
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Message par FlowersOfSakura »

Wow...ce grimoire est impressionnant!!! En tout cas merci beaucoup pour tout c'est joli contes!! :)
Lobsang
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Lobsang »

:applause: :applause: Merci Namkhaï, et vivement ton grimoire en photos !


:shock: Tu as posté avant moi ! C'est magnifique, et de plus tout à fait lisible. Je n'ai pas tout lu, seulement le début, mais je vais tout lire. Tu avais parlé de la calligraphie gothique , mais là, chapeau. :D
Merci
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Merkiiiiiiii !!! :D

Le Grimoire en question est loin d'être achevé (il contient plus de 300 pages), mais ça progresse.
Ce sont les Enseignements que j'ai eu la chance de recevoir quand j'étudiais à la LTWA (Library of Tibetan Works & Archives), par Geshe Sonam Rinchen. A l'époque (2001), j'avais tout enregistré sur mini-disc, puis l'avais retranscris sur papier libre.
En 2005 (je crois), j'ai fait faire ce Grimoire au Green Shop de McLeod Ganj; je leur avais dessiné les plans, choisi le papier (type parchemin) à utiliser, donné les indications pour les matériaux etc. Et voilà le résultat! Un livre qui doit bien peser 5 ou 6 kilos :D !!!

J'ai ensuite commencé à tout ré-écrire en calligraphie gothique. Travail très très long puisqu'une seule page demande près de trois heures de travail. Et faut pas se planter en plus, sinon on est bon pour coller les deux pages, et tout recommencer... (heureusement ça ne m'est pas encore arrivé)

Mais ma motivation, c'est surtout que ce genre de "livre" peut à l'aise traverser 500 ans sans bouger d'un iota. C'est donc mon legs personnel aux générations futures... Comme le dit un proverbe Chinois, "Avant de mourir, tu dois avoir accompli trois choses : planté un arbre, fait un enfant, et écrit un livre".

Je suis content que cela vous plaise; ça me motive à continuer. Merci, vraiment merci. :P
Lobsang
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Lobsang »

Trop beau et super bien écrit ! Tu accomplis une oeuvre unique. Bon courage pour les autres pages... :D
FlowersOfSakura
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par FlowersOfSakura »

En tout cas c'est mérité!! Et sympa le proverbe chinois ;)
Karma Drak-pa
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Karma Drak-pa »

Franchement, c'est magnifique. Bravo !
Namkhaï
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Le disciple qui apprenait l'Humilité

Il y avait en ce temps-là un maître renommé, dont la réputation de sagesse avait franchi toutes les montagnes. Et il y avait aussi un jeune homme orgueilleux, qui n'avait de cesse d'admirer ses propres qualités et se croyait le meilleur parmi les meilleurs.
Mais un beau jour, ce jeune homme, au cours d'une discussion portant sur la sagesse ancestrale, entendit parler de ce maître renommé. Il voulut le rencontrer afin de voir si les qualités du Maître pouvaient surpasser les siennes.
Alors il se mit en route, fit un long voyage et arriva aux enceintes de la Cité où vivait le Grand-Maître.
Les portes étant fermées, il s'adressa à un garde :

- Eh! Toi! Oui toi le garde! Dis, ouvre-moi tout de suite, je suis pressé!

- Mais mais mais, comment donc!, sussurra le garde. Et pourquoi devrai-je t'ouvrir?

- Parce que je dois voir le Maître. Je veux voir si ses qualités dont tout le monde parle, peuvent surpasser les miennes, dit le jeune homme, très fier de lui.

- Je t'ouvrirai, mais à une condition, car n'entre pas ici qui veut, répondit le garde, avec un air de malice. Afin de me prouver que ta motivation est sincère, tu vas partir vers le Nord et payer tous les gens que tu rencontreras pour t'insulter, et ce, trois ans durant. J'ai mes espions et je saurai si cela a été fait. Maintenant, pars, et prouve ta motivation!

Le jeune homme comprit qu'il n'y avait pas d'autre issue, si il voulait vraiment rencontrer ce Maître. Il partit donc, et donna 5 roupies à toute personne qu'il croisait.

- Tenez! C'est pour pouvoir m'insulter! Si si, prenez ces 5 roupies, et insultez-moi!
- Espèce de bon-à-rien!, disaient les uns
- Insolent! Drôle! Vilain! Va-nu-pieds!, disaient d'autres
- Tu n'as aucune qualité, aucun mérite, tu vaux moins qu'un ver!, ricannaient les petites vieilles.

Au début, le jeune-homme prenait son mal en patience. Mais au bout de quelques semaines, les insultes commençaient à l'agacer. Au bout de trois mois, sa patience était mise à très rude épreuve, mais il tint bon. Toujours il se faisait insulter, traiter comme un moins-que-rien, et toujours il payait les gens pour lui rire au nez.
Un an passa. Puis deux.
Quand trois années s'étaient écoulées depuis son départ, il refit route vers la Cité du Maître.
Il ne levait pas les yeux, marchait lentement, écoutait tout ce qui l'entourait, respirait l'air et sentait les parfums, et enfin il arriva au murs de la Cité. Mais il n'y avait plus de gardes. A la place, il y avait un pauvre fou assis au pied du mur, qui insultait tous ceux qui passaient.
Quand vint son tour, le fou insulta le jeune sauvagement, utilisant des mots blessants, vulgaires, et haineux.
Mais le jeune-homme éclata de rire. Il rit si fort que le fou finit par se taire, et lui demanda :
- Pourquoi ris-tu de mes insultes? Es-tu encore plus fou que moi?
- Je ris parce que pendant trois ans, j'ai payé pour que l'on m'insulte. Et toi aujourd'hui, tu me fais cela pour rien!!
- Entre dans la Cité, répondit-il alors, elle est toute à toi.
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par FlowersOfSakura »

chouette!! Mais d'ou tu sors toutes c'est histoires et légendes? :3
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

La certitude et le doute

Un matin, le Bouddha était en compagnie de ses disciples quand un homme s'approcha. Dieu existe-t-il ? demanda-t-il.

Il existe, répondit le Bouddha.

Après le déjeuner, un autre homme s'approcha. Dieu existe-t-il ? demanda-t-il.

Non, il n'existe pas, répondit le Bouddha.

A la fin de l'après-midi, un troisième homme posa la même question. Dieu existe-t-il ?

C'est à toi de décider, répondit le Bouddha.

Dès que l'homme fut parti, un disciple s'exclama, révolté : Maître, c'est absurde ! Pourquoi donnez-vous des réponses différentes à la même question ?

Parce que ce sont des personnes différentes, chacune parviendra à Dieu par sa propre voie.

Le premier me croira. Le second fera tout ce qu'il peut pour prouver que j'ai tort. Le troisième ne croira qu'à ce qu'il choisira lui-même.

Sagesse bouddhiste

:mrgreen:
Lobsang
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Lobsang »

La Mère cygne

La base même du bouddhisme est la compassion. Le maître a aimé ses disciples comme une mère aime ses enfants.

Dans ce temps-là, le Bouddha était un cygne femelle qui avait pondu trois oeufs d'or desquels étaient nés trois petits cygnes.
Cette année-là, la sécheresse étendit sa désolation sur le pays. Les herbes durcirent, les feuilles des arbres tombèrent, l'eau des lacs devint de la boue, les poissons qui s'y réfugiaient étaient dévorés par les oiseaux.
Bientôt, il n'y eut plus ni poissons, ni insectes, ni herbe.
Quand la mère cygne rentrait à son nid, ses petits l'attendaient et ouvraient alors de grands becs. Mais elle n'avait rien à leur donner à manger. Elle voyait chaque jour ses petits maigrir et s'affaiblir.
Alors, à grands coups de bec, elle s'arracha la chair de dessous ses ailes et la leur apporta.
Les petits cygnes ne se jetèrent pas sur cette nourriture.
Il murmurèrent entre eux que cette chair avait la même odeur que le corps de leur mère.
Pour rien au monde il n'auraient dévoré leur mère. Ils fermèrent leurs becs.
La pauvre mère repartit chercher de la nourriture, le désespoir au coeur.
Le ciel, voyant le dévouement de cette mère et l'amour de ses enfants, appela de lourds nuages au ventre d'argent, il convoqua le grand vent, ordonna au tonnerre de lâcher les écluses de la pluie.
L'eau tomba enfin.
La terre desséchée l'absorba goulûment. La pluie tomba encore, les ruisseaux s'en emplirent, les lacs l'accueillirent.
L'eau clapota tout près du nid des cygnes et la mère trouva maintenant de la nourriture pour ses enfants.
Dans ce temps-là, les petits cygnes étaient Ananda, Shaliputra et Maugdalyayana, qui devinrent les trois disciples les plus proches du maître.
- Et moi, dit le Bouddha, j'étais alors votre mère.

Jataka traduit par Thalie de Molènes
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par FlowersOfSakura »

Oooh c'est triste et émouvant cette histoire j'en ai eu la larme à l'oeil!

Comme celle du panda et de la princesse! Elle était triste celle la aussi!
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Sesame »

oui Laïtia à raison :cry: je trouve cela très É-M-O-U-V-A-N-T :(

tellement que j'en ai pleurer de 5 à 10 min (un peut exagéré) mon amie me voit et dit tu tes fait mal non une histoire est triste XD
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Une petite histoire rigolote que je viens de lire :

Quatre moines étaient en train de pratiquer la méditation dans un monastère. Tout à coup, un drapeau de prières sur le toit commença à s'agiter.

Le plus jeune des moines sortit de sa méditation et dit : "Le drapeau s'agite.."

Un moine plus expérimenté dit alors : "Le vent s'agite..."

Un troisième moine, qui était là depuis plus de vingt ans, dit : "L'esprit s'agite..."

Le quatrième moine, qui était le plus âgé, dit alors : "Les bouches s'agitent !..."

:lol:
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Tiens allez, une autre :

Trois moines discutaient entre eux. Ils débattaient des perceptions et de la nature ultime des phénomènes.
Dza Patrul Rinpoche, qui passait par là, entendit leur discours. Il s'approcha d'eux et s'assit à leurs côtés.

Il pointa une pierre particulièrement massive du doigt, et demanda :
- "Selon vous, où est cette pierre?"

Les moines discutèrent de la question. Puis l'un d'eux se lança :
- "Si l'on s'en réfère aux Écritures, ni l'objet, ni celui qui perçoit, ni la perception elle-même n'ont d'existence intrinsèque. Or, je perçois bel et bien cette pierre... J'en déduis donc que cette pierre n'existe nulle part ailleurs que dans mon esprit."
- "Ton esprit doit être bien lourd", répliqua Rinpoche.
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

L'offrande de Mahasattva.

Un jour, le Bouddha raconta l'une de ses vies passées, avant qu'il n'atteigne l'éveil.

Un grand empereur avait trois fils et Bouddha (le plus jeune d'entre eux) se prénommait alors Mahasattva. Mahasattva était par nature un petit garçon empli d'amour et de compassion qui considérait tous les êtres vivants comme ses enfants.
Un jour, l'empereur et sa cour se rendirent à un pique-nique en forêt et les princes allèrent jouer sous les arbres. Au bout d'un moment, ils rencontrèrent en chemin une tigresse qui venait de mettre bas. Elle était si affaiblie par la faim qu'elle s'apprêtait à dévorer ses petits. Mahasattva demanda à ses frères :

"Quelle nourriture pourrait bien redonner ses forces à la tigresse ?

- Uniquement de la viande fraîche ou du sang, répondirent-ils.

- Qui voudrait donner sa propre chair et son propre sang afin de la nourrir et de sauver ainsi sa vie et celle de ses petits ? demanda-t-il.

- Oui, qui, en effet?" répondirent les princes.

Mahasattva fut profondément ému par la condition désespérée de la tigresse et de ses petits, et pensa: "II y a si longtemps que j'erre sans but dans le samsara, vie après vie. A cause de mon désir, de ma colère et de mon ignorance, j'ai accompli bien peu pour aider les autres. Voici enfin une grande occasion de le faire."

Les jeunes princes s'en retournaient vers leur famille lorsque Mahasattva leur dit: "Vous deux, partez devant, je vous rejoindrai plus tard!" Revenant discrètement vers la tigresse, il s'approcha et s'allongea sur le sol devant elle, s'offrant en pâture. La tigresse le regarda, mais elle était si faible qu'elle ne pouvait pas même ouvrir la gueule. Le prince trouva alors un bâton pointu et entailla profondément sa chair. Le sang jaillit, la tigresse le lécha et retrouva assez de force pour ouvrir ses mâchoires et le dévorer.

Mahasattva avait offert son corps à la tigresse afin de sauver ses petits. Le mérite immense de cette compassion le fit renaître dans un royaume supérieur, et progresser vers l'éveil et sa renaissance en tant que Bouddha.

Mais cette action ne profita pas qu'à lui-même: le pouvoir de sa compassion avait aussi purifié la tigresse et ses petits de leur karma, et même de toute dette karmique qu'ils auraient pu avoir envers lui pour leur avoir ainsi sauvé la vie. Parce qu'il était tellement puissant, son acte de compassion avait créé entre eux un lien karmique qui devait se perpétuer longtemps dans le futur. La tigresse et sa progéniture, qui avaient reçu la chair du corps de Mahasattva, se réincarnèrent, dit-on, en les cinq premiers disciples du Bouddha, les tout premiers à recevoir son enseignement après son illumination.

Quelle perspective cette histoire nous offre-t-elle sur l'immensité et le mystère que possède véritablement le pouvoir de la compassion !

:mrgreen:
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

Celle qui s’en remet à la joie

Au temps du Bouddha vivait une vieille mendiante appelée "Celle qui s'en remet à la joie". Elle regardait les rois, les princes et les gens du peuple qui venaient faire des offrandes au Bouddha et à ses disciples; elle aurait tant voulu faire de même!

Elle alla donc mendier mais, à la fin de la journée, elle n'avait reçu qu'une toute petite pièce. Elle se rendit alors chez le marchand pour essayer d'acheter un peu d'huile, mais il lui dit qu'elle ne pouvait guère espérer acheter quelque chose avec si peu d'argent. Cependant, quand elle lui eut expliqué qu'elle voulait faire une offrande au Bouddha, il eut pitié d'elle et lui donna l'huile demandée.

Elle emporta cette huile au monastère et alluma une lampe, qu'elle plaça devant le Bouddha en faisant ce vœu : "Je n'ai rien d'autre à offrir que cette petite lampe, mais puissé-je, par cette offrande recevoir dans le futur la grâce de la lampe de sagesse. Puissé-je libérer tous les êtres de leurs ténèbres. Puissé-je purifier ce qui les aveugle et les conduire à l'éveil."

Cette nuit-là, les autres lampes s'éteignirent après avoir consumé toute leur huile. Seule la lampe de la mendiante brûlait toujours quand Maudgalyayana, un disciple du Bouddha vint les enlever à l'aube.

Lorsqu'il aperçut cette lampe encore allumée, pleine d'huile, avec sa mèche toute neuve , il se dit : "il n'y a aucune raison pour que cette lampe continue de brûler en plein jour" et il souffla pour l'éteindre. Mais elle continuait à brûler ! Il essaya de la moucher avec ses doigts mais elle brûlait toujours !

Le Bouddha qui observait la scène depuis le début, lui dit :

"Maudgalyayana, tu veux éteindre cette lampe ? Tu n'y parviendras pas. Tu ne pourrais même pas la déplacer, comment pourrais-tu l'éteindre ? Si tu versais l'eau de tous les océans sur cette lampe, elle brûlerait encore. L'eau de toutes les rivières et de tous les lacs du monde ne saurait l'éteindre. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que cette lampe a été offerte avec ferveur, avec un cœur et un esprit purs. Cette motivation l'a rendu extrêmement bénéfique."

Quand le Bouddha eut prononcé ces paroles, la mendiante s'approcha de lui; il prophétisa alors qu'elle deviendrait, dans les temps futurs, un bouddha parfait, appelé "Lumière de la lampe".

C'est donc notre motivation, bonne ou mauvaise, qui détermine le fruit de nos actions.

Extrait de la bienveillance du livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché.

* * * :D * * *
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

Ben de Kongpo

Ben de Kongpo était un homme très simple, animé d’une foi immense et originaire du Kongpo, une province du sud du Tibet. Il avait beaucoup entendu parle de Jowo Rinpoché (le précieux seigneur), cette magnifique statue en bois de santal et entièrement dorée qui représente Siddhārtha Gautama alors qu’il était prince âgé d’une douzaine d’année, et qui est conservée dans le saint des saints de Lhassa : le monastère de Jokhang. On raconte qu’elle fut sculptée de son vivant et c’est pourquoi, c’est la statue la plus sacré de tout le Tibet.

Ben ne parvenait pas à déterminer s’il s’agissait du bouddha ou d’un être humain. Il décida donc d’aller rendre visite à Jowo Rinpoché afin d’en avoir le cœur net. Il enfila ses vieille bottes et se mit en route, marchand plusieurs semaines d’affilée pour gagner Lhassa, au Tibet central.

Lorsqu’il arriva, il avait faim. Entrant dans le Jokhang, il vit la splendide statue de Bouddha et, devant elle, une rangée de lampes à beurre et de gâteaux spécialement confectionnés comme offrandes pour l’autel. Il présuma aussitôt que ces gâteaux constituaient la nourriture de Jowo Rinopché. « Je suppose, se dit-il, qu’il doit tremper des gâteaux dans l’huile des lampes, et que l’on doit garder les lampes allumées afin que le beurre ne durcisse pas. Il vaut mieux que je fasse comme Jowo Rinpoché ». Il trempa donc un gâteau dans le beurre et le mangea, tout en regardant la statue qui semblait lui sourire avec bienveillance.

« Quel gentil lama vous êtes ! dit-il. Les chiens viennent voler la nourriture qu’on vous offre, et votre seul réaction est de sourire. Le vent éteint les lampes, et vous continuez à sourire… Bon, je vais faire le tour du temple en priant, en signe de respect. Est-ce que ça vous ennuierait de surveiller mes chaussures jusqu’à mon retour ? » Enlevant ses vieilles bottes toutes sales, il les déposa sur l’autel devant la statue et s’éloigna.

Tandis que Ben faisait le tour de l’immense temple, le gardien revint et constata avec une grande horreur que quelqu’un avait osé mangé les offrandes et laissé une paire de vieille botte crasseuses sur l’autel. Indigné, il saisit les bottes avec fureur pour les jeter dehors, lorsqu’une voix sortant de la statue lui dit : « Arrête ! Remets ces bottes là où tu les as prises. Je les surveille pour Ben de Kongpo. »

Ben, revint bientôt chercher ses bottes et contempla le visage de la statue qui lui souriait toujours calmement. « Vous êtes vraiment ce que j’appelle un bon lama. Pourquoi ne viendriez-vous pas nous voir l’année prochaine ? Je ferai rotir un cochon et mettrai de la bière à fermenter… » Jowo Rinpoché parla pour la seconde fois, promettant à Ben qu’il lui rendrait visite.

Ben, rentra chez lui au Kongpo, raconta à sa femme tout ce qui s’était passé et lui recommandna de surveiller l’arrivée de Jowo Ripoché car il ne savait pas exactement quand il viendrait. L’année s’écoula et un jour sa femme accourut à la maison pour lui dire qu’elle avait vu, sous la surface de l’eau de la rivière, quelque chose qui flamboyait comme un soleil. Ben lui dit de mettre la bouilloire sur le feu pour le thé et se précipita vers la rivière. Il vit Jowo Rinpoché scintiller dans l’eau et pensa aussitôt qu’il avait dû tomber et était en train de se noyer. Il sauta dans la rivière, se saisit de lui et le ramena sur la berge.

Tandis qu’ils retournaient à la maison de Ben tout en bavardant, ils parvinrent à une énorme parois rocheuse. Jowo Rinpoché déclara alors : « Malheureusement, je crains de ne pouvoir entrer dans ta maison » et à ces mots, s’évanouit dans le rocher.

Aujourd’hui encore, il existe au Kongpo deux célèbre lieux de pèlerinage : l’un est le rocher de Jowo, la parroi rocheuse où l’on peut distinguer une forme de Bouddha, l’autre est la rivière Jowo où l’on peut voir dans l’eau la silhouette de Bouddha. On raconte que la bénédiction et le pouvoir de guérion de ces deux endroits sont identiques à ceux de Jowo Rinpoché à Lhassa.

Et tout ceci est arrivé à la foi immense et à la confiance toute simple de Ben de Kongpo.

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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Namkhaï »

Aaaaah Ben !

Très belle histoire, celle de Ben...

Il y a aussi une fois où il s'apprêtait à recevoir un grand Lama, et pour le coup il disposa son autel, l'embellit, le para d'atours et de merveilles. Puis, comprenant qu'il ne faisait cela que dans l'espoir d'obtenir une considération de la part du Lama, et donc que sa motivation n'était que pure vanité car voulant être loué pour son autel, Ben sortit et ramassa une poignée de terre et de poussière, qu'il jeta sur l'autel.

Un Très Grand-Maître (je ne me souviens plus qui, désolé), quand il apprit le geste de Ben et la motivation de ce geste, s'exclama : "L'offrande de poussière de Ben est la plus belle offrande de tout le Tibet!"
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

Ha oui c'est vraiiii... celle ci est magnifique aussi. :)

Cet espoir de considération d'obtenir quelque chose, me fait penser à l'histoire d'un autre impatient célèbre : celle du yogi Asanga. Lui qui souhaitait ardemment recevoir les enseignements du bouddha Maitreya.

Je la trouve si belle... si parlante... Elle me remonte d'ailleurs en tête...
Allez... je regarde si je ne l'ai pas dans mes fichiers, sinon je tape vite fait sa petite histoire... et je post ça bien vite. ;)
Bhikkhus
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

Asanga et le bouddha Maitreya

Asanga (en tibétain, thogs med) signifie le non-attachement. Asanga un était un grand yogi, philosophe et érudit moine bouddhiste gandharais du IVème siècle après J-C. Auteur du Compendium de l'Abhidharma, il avait été prophétisé par le Bouddha historique neuf siècles auparavant comme bodhisattva. Asanga est surtout devenu célèbre en purifiant toutes ses obstructions karmiques par la force de sa grande compassion, ce qui lui permit de voir directement son guide spirituel le bouddha Maitreya. Comme promis, voici l’histoire de cette rencontre.
:D

Un matin, Asanga pris un jour la route et partit seul dans les montagnes pour y faire une retraite solitaire, désirant concentrer toute sa pratique sur le bouddha Maitreya (en tibétain, byams pa) avec le ferveur espoir d’être béni par une vision de celui-ci, et de recevoir de lui des enseignements.

Pendant six années, Asanga médita dans une austérité extrême, sans recevoir ne serait ce que l’ombre d’un rêve favorable. Découragé, il pensa que son ardent désir de rencontrer le bouddha Maitreya ne serait jamais exaucé. Il interrompit alors sa retraite et quitta son ermitage. Il n’était pas allé bien loin sur la route lorsqu’il aperçut un homme occupé à frotter une énorme barre de fer avec un petit mouchoir de soie ! Asanga alla lui demander ce qu’il faisait. « Je n’ai pas d’aiguille, lui répondit l’homme, aussi j’en fabrique une à partir de cette barre de fer ». Abasourdi par la scène, Asanga le regarda fixement. Même si l’homme devait parvenir à son but dans cent ans, pensa-t-il, quel intérêt ? Il se dit en lui-même : « Vois le mal que se donnent les gens pour des choses complètement absurdes. Tant d'énergie pour une chose de si peu d'importance ! Et moi, qui suis engagé dans une pratique spirituelle, une démarche de valeur incontestable, je suis loin d’être aussi motivé. » Sur cette réflexion, il rebroussa son chemin et regagna son ermitage.

Trois nouvelles années passèrent et toujours aucun signe de bouddha Maitreya. « Désormais, pensa Asanga, je suis certain que je ne réussirais jamais. » Il partit donc à nouveau et parvient bientôt à un tournant de la route où se trouvait un énorme rocher, si gros et si haut qu’il semblait pratiquement toucher le ciel. Un homme, au pied de ce rocher, était fort occupé à le frotter avec une grande plume imbibée d’eau. Tout comme lors de sa précédente rencontre, Asanga lui demanda ce qu’il faisait. « Ce rocher est si gros et si haut qu’il empêche le soleil de briller sur ma maison, aussi j’essaie de m’en débarrasser. » Totalement sidéré par l’énergie infatigable de cet homme, Asanga retourna de nouveau à sa retraite, particulièrement honteux de son propre manque de dévotion.

Trois années de plus s’écoulèrent, et il n’avait même pas fait un seul rêve de bon augure. Il décida, une fois pour toutes, que tout cela était sans espoir et il quitta définitivement sa retraite. La journée avançait et, dans l’après-midi, il rencontra en chemin un malheureux chien couché sur le bord de la route. Il ne lui restait plus que les pattes avant ; tout son arrière-train était putréfié et infesté de vers grouillant. Malgré son état pitoyable, le chien grognait après les passants et essayait pathétiquement de les mordre, en se traînant sur le sol au moyen de ses deux pattes valides.

Asanga fut alors submergé par un sentiment de compassion déchirante et insoutenable. A l’aide d’une pierre tranchante, il coupa un morceau de sa propre chair et le donna à manger au chien. Puis il se pencha pour le débarrasser des vers qui le dévoraient. Mais il s’avisa soudain qu’il allait peut-être leur faire du mal en les prenant entre ses doigts et compris que la seuls façon de les retirer était d’utiliser la douceur de sa propre langue. Asanga s’agenouilla sur le sol, devant l’horrible amas grouillant et suppurant, il ferma les yeux. Il s’approcha davantage, sortit sa langue… et réalisa soudain qu’elle touchait le sol. Le chien avait disparu ; à sa place se tenait le bouddha Maitreya, tout auréolé d’une lumière radieuse.

« Enfin ! dit Asanga. Mais pourquoi ne m’es-tu jamais apparu auparavant ? Il n’est pas vrai, répondit Maitreya avec douceur, que je ne te sois jamais apparu avant ce jour. En réalité, j’ai toujours été à tes cotés, mais ton karma négatif et les voiles de ton esprit t’empêchaient de me voir. Tes douze années de pratique les ont légèrement dissipés, c’est pourquoi tu as enfin pu voir le chien. A ce moment-là, grâce à la sincérité et à l’authenticité de ta compassion, tous les voiles qui obscurcissaient ton esprit ont été complètement balayés et, maintenant, tu peux me voir devant toi de tes propres yeux. Si tu ne crois pas que cela s’est passé ainsi, prends-moi sur ton épaule et vérifie si quelqu’un d’autre peut me voir. »

Asanga mit Maitreya sur son épaule droite et s’en alla jusque sur la place du marché d’un village voisin. Là, il demanda à tout ceux qu’il rencontrait : « Que voyez-vous sur mon épaule ? ». « Rien », lui répondirent la plupart des gens, sans s’arrêter. Seule une vieille femme, dont le karma avait été légèrement purifié lui dit : « Il y a sur ton épaule la cadavre pourri d’un vieux chien, voilà tout ».

Asanga compris enfin le pouvoir sans limite de la compassion qui avait purifié et transformé son karma négatif, faisant de lui un réceptacle digne de recevoir la vision de l’enseignement de Maitreya. Le bouddha Maitreya, dont le nom signifie « amical-bienveillant», conduisit alors Asanga vers un bouddha-kshetra (royaume céleste) où il lui conféra des enseignements nombreux et sublimes, qui comptent parmi les plus important de tout le bouddhisme.

ཨོཾ་མཻ་ཏྲི་མ་ཧཱ་མཻ་ཏྲི་མཻ་ཏྲི་ཡེ་སྭཱ་ཧཱ།
Secret :
Mantra du bouddha Maitreya : om mai tri ma ha mai tri mai tri ye sva ha.
Bouddha Maitreya
Bouddha Maitreya
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Bhikkhus
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Re: Légendes et histoires du Tibet

Message par Bhikkhus »

Tu prends l’obscurité pour la lumière et la lumière pour l’obscurité.

Un homme né aveugle habitait une petite chambre sans fenêtre; son infirmité l’empêchait de voir les couleurs, les formes et différents objets qui s’y trouvaient et, lorsqu’on lui parlait de ceux-ci, il niait obstinément leur existence.

L'amchi du village voisin eut pitié de lui. Il se rendit dans les Himalayas et cueillit différentes plantes. Il en broya certaines, en mâcha d’autres, en fit bouillir d’autre encore, et composa un onguent dont il enduisit les yeux de l’aveugle.
L’effet souhaité se produisit peu à peu et l’homme vit. Avec grand étonnement il distingua autour de lui, des objets, des formes, des couleurs dont il n’avait jamais soupçonné l’existence. Il en conçut alors une très grande fierté. « Maintenant je vois, je connais toutes chose » déclara-t-il plein de suffisance.

Cependant, un proche parent lui remonta : « Mon ami, tu ne vois que les objets qui se trouvent dans ta chambre : c’est peu de chose. Du dehors de celle-ci, on peut voir le soleil, la lune, les constellations. Du dehors, on peut voir de nombreuses formes ou autres couleurs, les unes belles, les autres laides.

L’ex-aveugle refusa de croire. « Il n’existe aucune de toutes ces choses » répliqua-t-il. « Je ne vois rien de semblable. Tout ce qu’il y a à voir, je le vois maintenant ».

Alors, le savant amchi se rendit de nouveau dans les Himalayas et réussit à être admis près du roi des montagnes. Suivant ces conseils, il récolta d’autres plantes, composa un nouvel onguent et l’appliqua sur les yeux de l’incrédule, puis il le conduisit hors de sa chambre.

Là, le bonhomme vit la clarté du soleil, la lune, les constellations et de nombreux phénomènes. Son orgueil s’accrut d’avantage. « Je ne croyais pas ce que l’on m’affirmait quand à l’existence de toutes ces choses. Maintenant je les vois. Il n’y à plus rien que je ne sache. Nul sur cette terre n’est supérieur à moi ».

Cependant un lama qui possédait des facultés transcendantes lui remontra : « Mon ami, tu viens à peine de cesser d’être aveugle ; tu ne connais encore rien. D’où vient ta vanité ? Quand tu étais enfermé dans ta chambre, tu ne pouvais pas voir les objets qui se trouvaient au dehors ; maintenant, pour manque de facultés supérieures à celles que tu possèdes, tu ne peux pas discerner les êtres qui sont animés de sentiment bienveillant et ceux qui nourrissent des sentiments hostiles, tu ne peux pas entendre la voix humaine, le son d’un tambour, celui d’une conque ou d’une trompe ou n’importe quel son au-delà d’une courte distance. As-tu souvenir de ton séjour dans la matrice de ta mère et des causes qui t’ont amené à naître d’elle ?

Ami, en plus de ce que tu vois, il y a d’innombrables autres mondes plus nombreux que les grains de sable du Gange. Comment peux-tu te venter et dire : je vois tout, je sais tout ?

Tu es encore aveugle, tu prends l’obscurité pour la lumière et la lumière pour l’obscurité. »

:arrow: Cette adaptation tibétaine d’une parabole indienne tend à démontrer la nature relative, ainsi que l’affirme les textes de la prajñā-pāramitā et l’auteur du Saddharma-pundarīka-sūtra (sutra du lotus).

:mrgreen:
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