Culture : Médecine tibétaine amchi

Pour découvrir l'art du Tibet, photos, recettes de cuisines etc.
Bhikkhus
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Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Bonjour à toutes et à tous. :D

Patiemment élaboré depuis de nombreuses semaines, voici un GROS sujet qui me tiens particulièrement à cœur et que je souhaiterai vous faire partager. Je vous propose de découvrir les grandes lignes du système médical
ཨམ་ཆི།amchi


De ce que j’ai put noter en bibliothèque, gsor rigs (prononcé sorig) serait le terme officiel désignant la médecine traditionnelle tibétaine. Une combinaison des mots གསོར་བ། gsor ba (traduit par s’épanouir) et རིགས་པ། rigs pa (traduit par connaissance ou science), désignant ainsi ce qui est bon et ce qui convient pour s’épanouir pleinement. J’ai également trouvé le terme བོད་ཀྱི་གསོ་རིག་གློག་དྲ། bod kyi gso rig glog dra servant à désigner "la science de la guérison du Tibet".
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Sommaire :

- Présentation
- Le Ghyüshi
- Philosophie amchi
- Théorie des 5 éléments
- Ma rig pa
- Subdivisions des 3 humeurs
- Méthodes de diagnostiques
- Principaux troubles
- Traitements
- Equilibre des humeurs
- Maîtres herboriste
- Transmission du savoir
Bhikkhus
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

Message par Bhikkhus »

PRESENTATION

L'histoire de la tradition de la médecine tibétaine remonte à près de 2000 ans et représente l'un des principaux joyaux du trésor des sciences fondamentales du Tibet. Depuis de nombreux siècles, en combattant les différentes maladies, les tibétains ont exploré les techniques de soins en employant notamment les substances animales, les minéraux et surtout les herbes médicinales. Il est dit dans la tradition orale du Tibet : « si poison il y a, remède il y a ». Ils ont ainsi accumulé les richesses de l'expérience médicale parallèlement au progrès effectués dans la connaissance de l'environnement, des hommes et de sa complexité anatomique ceci notamment grâce au rituel des funérailles célestes :
le jhator (http://www.montibet.com/forum/viewtopic.php?f=7&t=493).

La médecine tibétaine, plus populairement connue sous le nom de système amchi (au Tibet et au Ladakh), est le système thérapeutique employé pour traiter les diverses maladies (avec effets secondaires minimum) et qui permet de maintenir le bon état de santé. A ce jour, ce système est très populaire et encore en parfaite activité, particulièrement dans les villages inaccessibles et éloignés du Ladakh où le traitement par les médicaments modernes et la médecine sont presque impossibles par manque d’accessibilité, de structure et d'équipement dans ces secteurs défavorisés.

Notons que la population sur place a d’ailleurs plus souvent confiance en la médecine et les traitements de l'amchi plutôt que dans la médecine allopathique moderne. En effet, l'amchi (qu’il soit homme ou femme) bénéficie d’une solide réputation puisque pendant des siècles il a joué un rôle vital pour la santé des habitants de ces villages éloignés. Son altruisme et son érudition en font un personnage particulièrement important qui est tenu en outre de respecter onze vœux bouddhistes et de considérer le patient dans sa globalité.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

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LE GHYÜSHI

Le système médical tibétain remonte à plusieurs siècles. Le texte de référence (le Ghyüshi) contient toutes les connaissances sur le sujet. C’est le célèbre lama Yuthok Yonten Gonpo (1126-1202), très important savant thérapeute du Tibet, qui fut celui qui modifia et compléta le Ghyüshi. Il collecta l'expérience et l'habileté de son peuple durant quelques décennies, tout en testant sur une large échelle les arts médicaux d'autres contrées telles que l'Inde, le Népal ou la Chine. Les savants des temps anciens, tels que ce dernier, ont non seulement composés les traités fondamentaux et développés leur application pratique, mais ils ont aussi écrit sur la pharmacologie et réalisés de nombre d'ouvrages de référence qui sont passés à la postérité. Appelé en tibétain རྒྱུད་བཞི། rgyud bzhi (les quatre tantras), le Ghyüshi est toujours utilisé de nos jours par les nouveaux étudiants en médecine traditionnelle.

Toutes les informations relatives aux causes, aux symptômes et aux traitements des maladies sont décrites et abondamment illustrées dans ces volumes. On retrouve dans cet ouvrage :

• Le tantra fondamental (scindé en 6 chapitres dont l’introduction et la table des matières) qui présente toutes les causes des maladies, leur examen exact et les moyens curatifs.
• Le tantra explicatif (scindé en 31 chapitres) relatifs notamment à la croissance de l’organisme, au développement et au déclin des différentes maladies, aux préparations médicinales et à la chirurgie.
• Le tantra des instructions (scindé en 92 chapitres) étudient et classifient les causes et conditions d’apparition des maladies et présentent les différentes méthodes de soins.
• Le tantra final (scindé en 25 chapitres) dont la section relative à l’examen des pouls et des urines, celle relative aux calmants, celle concernant les thérapies douces et fortes. Afin de se donner un ordre d’idée de cette vaste « bible » rassemblant toute la théorie générale de la science médicale tibétaine, le Ghyüshi expose 84.000 maladies et les méthodes de soins avec 2.300 ingrédients afin de pouvoir réaliser plus de 2.800 médicaments.
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En outre, les étudiants apprennent également par le biais de nombreux peintures traditionnelles nommées thangkas (http://www.montibet.com/forum/viewtopic.php?f=7&t=1019) qui illustrent parfaitement les plans fondamentaux de la médecine. Ils se présentent sous de nombreuses forme d’arbre, planches anatomiques et de ce qui constitue la materia medica (matériel médical & substance). Les arbres qui illustrent certains thangkas correspondent à un plan. Par exemple un sujet est un arbre qui se décompose en chapitres (les branches), et elles-mêmes se partitionnent en sous-chapitres (les feuilles). Les sujets représentés peuvent être le style de vie, l'alimentation, l'anatomie, la materia medica, les thérapies, les plantes médicinales, l'analyse d'urine, l'observation des différents pouls, les points qui soignent, les canaux d'énergie du prānā, les instruments chirurgicaux...
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Yuthok Yonten Gonpo nous à offert deux merveilles : རྒྱུད་བཞི། rgyud bzhi (les quatre tantras) et གྱུ་ཐོག་སྙིང་ཐིག། gyu thog snying thig. Prononcé, Yuthok Nyingthig, l’essence intime de l’enseignement de Yuthok est une pratique spirituelle très importante pour tous les praticiens amchis. Cette pratique est réalisée grâce à l'intégration harmonieuse du corps, de l'esprit et de l'énergie dans la forme la plus subtile des cinq éléments (terre, eau, feu, air et espace). Le traité racine de Yuthok Nyingthig expose (avec ses nombreux commentaires) les enseignements spirituels de Yuthok. La pratique qui lui est relative comprend des exercices physiques, du yoga, de la méditation et fait partie intégrante de la formation de chaque médecin.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

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PHILOSPHIE AMCHI

La philosophie amchi (très liée au bouddhisme dans ses principes éthiques) s’inspire et intègre certaines de ses pratiques des traditions de la médecine ayurvédique indienne, de la médecine traditionnelle chinoise et d’anciennes traditions perses et grecques. Elle se base sur un système de pensée (logique) que la personne malade est d’abord en rupture d’harmonie avec son environnement et avec elle-même.

Il est en effet lié selon la tradition bouddhiste que toute maladie résulte en définitive de « trois poisons de l’esprit » : l’attachement ou le fait de se diriger par son cœur (représenté traditionnellement par un oiseau), la colère ou le fait de se diriger par son pouvoir (représenté traditionnellement par un serpent) et l'ignorance ou le fait de se diriger par son seul opinion (représenté traditionnellement par un cochon). D’après ces principes, l’état mental et les émotions affectent donc nos organes physiques, autant que le font notre respiration, notre alimentation et notre sommeil.
Centre de la roue de la vie - les 3 poisons.jpg
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Il faut savoir également que la médecine traditionnelle tibétaine repose sur la théorie des cinq éléments. (Théorie commune avec l’astrologie, puisqu’à l’origine médecine et astrologie étaient étudiées ensemble). Selon ce principe, les cinq éléments, terre, eau, feu, air et espace agissent sur le corps humain qui n’est pas séparé du reste du monde, mais en résonnance avec tout l’univers et l’application de ses lois universelles. Ces cinq éléments sont à la base de toute création matérielle (notamment celle du corps). Liant qui permet de nous intégrer à notre environnement, tout naît, se développe et se dissout grâce aux cinq éléments.
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THEORIE DES 5 ELEMENTS

Tout ce qui existe, l’ensemble du macrocosme et du microcosme est composé des cinq éléments. Il existe une mise en place chronologique des cinq éléments selon les textes sacré du Bardo Thödol, mais sa place n’est pas dans ce topic. En revanche, voici l’explication, selon un ancien texte médical tibétain, de la façon dont se forme étape par étape notre corps physique : a la rencontre des cellules-germes du père et de la mère, une conscience sensorielles (naissant de l’esprit) pénètre ces cellules pour former un corps humain (constituants purement physiques). L’union du spermatozoïde, de l’ovule et de la conscience se matérialise dans le ventre maternel grâce à l’élément terre.

ས། sa : l’élément terre assure la solidité, les bases de l’existence physique et du développement, ainsi que la mise en place des composants physiques. La chair, les os, la peau, les ongles, les cheveux, l’organe de l’odorat et les odeurs sont formées à partir de l’élément terre.

ཆུ། chu : l’élément eau permet l’adhésion des trois composantes comme un liant, il permet la fluidité, la connexion et représente les fluides du corps. Le sang, la lymphe, l’organe du goût, les saveurs et tous les fluides corporels du corps naissent de l’élément eau.

མེ། me : l’élément feu favorise la maturation de l’embryon sous l’effet de la chaleur. La chaleur permet la maturation et participe aux fonctions métaboliques et digestives. La chaleur animal, la coloration claire, l’organe de la vue et la forme naissent de l’élément feu.

རླུང། rlung : l’élément air (aussi appelé vent ou souffle) aide à la croissance du fœtus, à la mobilité et à l’influx nerveux. Cet élément représente le facteur de développement personnel qui fait tendre chacun vers une amélioration profonde. C’est l’énergie dynamique dont chacun a besoin. Le souffle, l’organe du toucher et les sensations physiques sont formées à partir de l’élément air. Bien au delà de l’atome, d’un mouvement ou d’une vibration, c'est avant tout une énergie !

ནམ་ཀ། nam ka : l’élément espace donne place au développement physique, à l’augmentation de volume. Il est compris en toute chose (y compris dans chaque élément) et comprend toute chose. Les cavités vides, creuses ou gazeuses du corps, l’organe de l’ouïe, les sons et ce qui est plus subtilement une vitalité psychique, sont formés à partir de l’élément espace. On utilise le terme espace mais on peut aussi parler de vacuité (le sixième élément ajouter par le tantra de de Kāla-chakra).
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Planche de représentation de la naissance humaine.jpg (94.01 Kio) Vu 94781 fois
Le tantra racine du Ghyüshi explique (à propos de la création de la vie) que c’est à partir de l’esprit réunissant les cinq élémentaire que se développe le corps physique : l’espace comprend le vent qui va activer le feu, nécessitant l’eau pour donner matière à la terre. Le corps étant lui-même imprégné de ces qualités, c’est grâce à ce complexe perception-organe ou esprit-corps qu’apparaissent les aspects extérieurs du monde que nous percevons. Inversement du processus, quand une personne meurt, les éléments existant du corps se décomposent et se dissolvent successivement : la terre se remplit d’eau qui se dissout dans le feu et le feu se consume dans l’air. Enfin l’air s’absorbe dans l’espace (ou vacuité).

ནང་བྱུང། nang byung désigne les cinq éléments (internes) qui sont présents dans le corps.
ཕྱི་བྱུང། phyi byung désigne les cinq éléments (externes) en tant que facteurs externes, utilisés par exemple pour l’astrologie.

Ainsi, tous les phénomènes existant ont pour origine les cinq éléments. Ils sont source de toute existence, de l'univers, de notre planète, du corps, de la faune, de la flore… Ils sont l’origine de l'univers même. Rien n'existe avant les cinq éléments, ils sont dans notre corps, lui-même créé, entretenu et soutenu par ces cinq éléments. Et finalement, quand notre corps est détruit à la mort, c’est toujours par le biais des cinq éléments. Cette loi universelle d’engendrement renvoie au samsāra (la roue de la vie) : le cycle sans fin des existences conditionnées.

Il existe un vieux proverbe tibétain qui dit à ce sujet : « yo pam men, ne pa men » : ce n'est ni existence ni non-existence, (c’est les deux en même temps).

Tous les fondements de la médecine et de l’astrologie tibétaines reposent sur ces cinq éléments. Présents sous forme subtile dans l’esprit, dès la conception, ils demeurant avec lui après la mort. Selon le tantra de Kāla-chakra (ou tantra de la vacuité des phénomènes), les différents organes de notre corps, les chakras ou encore les méridiens, sont reliés aux planètes et aux étoiles par les cinq éléments. C’est là une explication de la relation et du transfert des énergies entre l’environnement et l’être humain.

On entrevoit mieux pourquoi la médecine et l’astrologie tibétaine sont indissociables et comment la médecine traditionnelle est comprise en tant que médecine holistique, globale. Il nous est possible de mieux comprendre pourquoi les énergies psychologiques (que représentent les cinq éléments) circulant partout, constituent un travail permanent pour les yogis, sādhus ou les méditants, mais aussi pour n’importe qui le désirerait (car ce sont elles aussi qui engendrent la maladie). Finalement, nous pouvons en déduire ici le subtil lien entre l’esprit et le corps, et pour être encore plus claire :

Le pouvoir que peut avoir l’esprit sur le corps… sur la matière.

Comme nous l’avons vu, notre corps physique est composé des cinq qualités élémentaires des cinq éléments. Il est formé des différents points suivant :

7 constituants : lait, sang, chair, graisse, os, moelle et essence;
3 excréta : selles, urines et transpiration;
3 humeurs (ou principes énergétiques) : vent, bile et phlegme.

Ces trois humeurs (particulièrement importantes puisque fondement essentiel de la médecine tibétaine) sont présentes en chacun de nous, mais une ou deux d’entre elles prédominent généralement (car en proportion différentes) et définissent la constitution générale de la personne. L’amchi établira d’ailleurs durant son diagnostic la typologie précise d’une personne en fonction de ces trois humeurs.
Planche anatomique traditionnelle (homme de face).jpg
Planche anatomique traditionnelle (homme de face).jpg (220.59 Kio) Vu 94781 fois
A la différence de notre médecine occidentale, le système médical tibétain se fonde sur les énergies principales qui régulent toutes les fonctions physiques du corps.

C’est pourquoi, un amchi nous expliquera que pour être en bonne santé, il est simplement nécessaire de maintenir prioritairement un équilibre énergétiques entre nos trois humeurs. Comme nous l’avons vu, il y a trois états mentaux (l’attachement, la colère et l'ignorance), or les humeurs (directement connectées à ces états) proviennent justement de ces émotions qui amènent des troubles. En cas de déséquilibre, des problèmes médicaux et des maladies peuvent donc apparaître. Ceci une fois compris, les principes restent en toile de fond pour pouvoir établir un diagnostic adapté.
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MARIGPA

ཉེ་རྒྱུ། nye rgyu est le terme tibétain qui désigne les causes (secondaires) spécifiques de l'apparition de chaque humeur. Une part interne et relative aux émotions va faire que la personne va être sensible aux causes externes, par l’alimentation, le comportement ou la saison en cours. Quand les causes internes et externes sont réunies, cela crée le problème, qui peut se manifester sous trois modes : trop d’énergie, pas assez d’énergie ou un désordre énergétique.

Chaque énergie a un chemin propre, qui sera perturbé, selon les causes internes ou externes. Or, le problème est toujours le résultat de quelque chose. Selon la loi universelle de causalité, l’effet remonte toujours jusqu’à une cause… en l’occurrence jusqu’à མ་རིག་པ། ma rig pa (la non-connaissance).

Ma rig pa est la cause primaire, fondamentale et lointaine de toute maladie.

Ce terme tibétain désigne l’ignorance : le fait de ne pas être conscient de la saisie du « Moi ». Dans le système de pensée tibétain et bouddhiste le Moi n’existe pas en tant qu'entité inhérente, mais il est sous l'influence de l'ignorance. En d'autres termes nous ne pouvons nous empêcher de nous assimiler au sujet indépendant que nous sommes sans tenir compte de l’interdépendance des choses. Nous choisissons nos individualités à défaut de la prise en compte d'une globalité à laquelle nous appartenons néanmoins. Il faut comprendre par là que nous ne sommes pas une entité unique et parfaitement indépendante mais bien l'interconnexion de facteurs évolutifs et constructeurs.

La médecine traditionnelle tibétaine travaille sur les effets en utilisant les énergies opposées. C’est pourquoi, si on a un vide, on rajoute de l’énergie, si on a un excès, on la diminue, si il y a dysharmonie, on équilibre. Mais cela ne suffit pas de travailler sur les effets… il faut également travailler sur les causes !

Dans la tradition bouddhiste, on travaille sur la racine de ma rig pa. En fait, on souhaite éliminer མ། ma (la négation) pour n’avoir plus que རིག་པ། rig pa (la connaissance primordiale).

C’est pourquoi, la médecine tibétaine met donc prioritairement l’accent sur des thérapies comportementales (comme l’exercice, le yoga médicinal et la méditation) pour traiter de nombreux problèmes de santé. Néanmoins, les plantes médicinales, les compresses, l’acupuncture, les bains aux herbes, le massage, la mantra thérapie ou le recours à un soutien psychologique et moral sont aussi prescrit.
Planche anatomique avec chakras yu-ho-kung.jpg
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SUBDIVISIONS 3 HUMEURS

Les trois humeurs (dont la seule traduction existe en sanskrit) sont respectivement désignées sous leur appellation originale. Chaque humeur siège dans une partie du corps et occupe plusieurs fonctions. C'est ce que nous allons voir en détail.

རླུང། rlung : l’humeur « neutre » du vent, composé majoritairement des éléments espace et vent,
མཁྲིས་པ། mkhris pa : l’humeur « chaude » de la bile, composé majoritairement des éléments espace et feu,
བད་ཀན། bad kan : l’humeur « froide » du phlègme, composé majoritairement des éléments espace, eau et terre.

Selon la médecine tibétaine, les humeurs se subdivisent chacune en cinq catégories avec un emplacement et une fonction spécifique.

* * * * *

རླུང། L’humeur du vent (rlung) est le principe vital de notre corps. D’une manière générale, on peut dire que c'est un flux subtil d'énergie qui, des cinq éléments est le plus proche de l'air. Mais cette conception est bien plus profonde et subtile que l'air que l'on respire ou que le vent contenu dans notre estomac. En effet, cet humeur possède un lien direct entre l’esprit et l’état physiologique. Rlung est parfois comparé à un cheval chevauché par l'esprit. Or, si le cheval va mal, le cavalier ne pourra pas monter correctement. Tous les mouvements de notre corps et ses organes, le soutient à la croissance, l'exhalation et l'inhalation, la circulation du prānā et du sang, la mastication, la digestion des aliments, les sentiments et émotions comme la nervosité, la peur, l'énergie tel que les impulsions du système nerveux, tout ce qui n'est pas physique tel que les pensées, l’anxiété et la souffrance sont tous contrôlés par l’énergie du vent. Il aide aussi à la séparation des aliments dans l'estomac (en nutriments et déchets organiques), à la dispersion des substances du corps au travers de la circulation du sang, à la rétention et à l’expulsion des fèces et de l’urine. Mais sa fonction principale est de porter les mouvements du corps, de la parole et de l'esprit. Rlung permet donc la clarté des organes des sens. Les maladies de rlung s'accumulent généralement au printemps, se déclarent en été et s'apaisent en automne. Lorsque le médecin diagnostique un trouble de l’humeur du vent, il l’attribue généralement à un trouble du système nerveux, au cœur, au grand intestin, à une faible circulation, ou à un trouble de nature physiologique. Il existe cinq catégories distinctes de rlung :

སྲོག་འཛིན་རླུང། srog 'dzin rlung (le rlung qui soutient la vie) : son siège est le cerveau. Ses fonctions sont l’ingurgitation de la nourriture, l’inhalation, l’expectoration, l’éructation et l’éternuement, l’éclaircissement des sens et de l’intellect et la stabilisation de l’esprit.
གྱེན་རྒྱུ་རླུང། gyen rgyu rlung (le rlung ascendant) : son siège est la poitrine. Ses fonctions sont la parole, l’accroissement de la vigueur et de la santé physique, l’éclat du teint et l’assiduité de l’esprit.
ཁྱབ་བྱེད་རླུང། khyab byed rlung (le rlung omnipénétrant) : son siège est le cœur. Ses fonctions sont les actions de lever, marcher, tirer, l’étreinte des membres, l’ouverture et la fermeture des membres, des paupières, de l’anus, etc…
མེ་མཉམ་རླུང། me mnyam rlung (le rlung qui accompagne le feu) : son siège est l’estomac. Ses fonctions sont d’accompagner la digestion et le métabolisme. Il fait mûrir les sept soutiens corporels (nous y reviendrons plus tard).
ཐུར་སེལ་རླུང། thur sel rlung (le rlung descendant) : son siège est le rectum. Ses fonctions son l’expulsion des fèces, de l’urine, du liquide séminal, des menstruation et du fœtus.

* * * * *

མཁྲིས་པ། L’humeur de la bile (mkhris pa) est l’énergie de la chaleur du corps. Des cinq éléments, mkhris pa étant relié au feu, son action la plus importante est d'équilibrer la thermorégulation du métabolisme. Mais elle entre également dans le processus de la digestion et c'est elle qui provoque la faim et la soif aux moments adéquats. Elle est responsable de l’intelligence discriminative, de la compréhension, donne de l'éclat à la peau et garde les pores sains. Mkhris pa donne du courage, une bonne mine et un état d’esprit positif. Les maladies de mkhris pa s'accumulent en été, se déclarent en automne et s'apaisent en hiver. Quand le médecin diagnostique un trouble de l’humeur de la bile, il l’attribue généralement à un trouble du foie ou de la vésicule biliaire, d’une infection ou une inflammation dans le corps ou à des problèmes de peaux. De la même façon que pour les catégories de rlung, il existe cinq catégories de mkhris pa :

འཇུ་བྱེད་མཁྲིས་པ། 'ju byed mkhris pa (mkhris pa de la digestion) : son siège se situe entre l’estomac et les intestins. 'Ju byed active la digestion et sépare, au sein des aliments et liquides ingérés, les nutriments essentiels des substances inutiles. Elle est à l’origine de la thermorégulation et aide à fournir l’énergie au quatre autres types de mkhris pa.
སྒྲུབ་བྱེད་མཁྲིས་པ། sgrub byed mkhris pa (mkhris pa qui accomplit les souhaits) : son siège est le cœur. Elle développe la colère, l’agression et la haine. Elle fournit l’énergie nécessaire au désir, à l’ambition et à la poursuite d’un but.
མདངས་སྒྱུར་མཁྲིས་པ། mdangs sgyur mkhris pa (mkhris pa qui change l’éclat) : son siège est dans le foie. Elle maintient et produit la couleur rouge des nutriments dans le sang.
མཐོང་བྱེད་མཁྲིས་པ། mthong byed mkhris pa (mkhris pa de la vue) : son siège se trouve au niveaux des yeux. Son rôle est d’assurer la vue.
མདོག་སེལ་མཁྲིས་པ། mdog sel mkhris pa (mkhris pa qui éclaircit le teint) : son siège est sur toute la surface de la peau. Sa fonction est de nettoyer et fournir un éclat de peau en lui donnant une couleur pleine et vivante.

* * * * *

བད་ཀན། L’humeur du phlegme (bad kan) constituant le principe biologique de l’eau formé en prédominance par la terre et les éléments de l’eau, cause le développement de toutes les « humeurs » du corps : c’est littéralement le corps physique (comme nous l’entendons). Cet humeur assure la lubrification, la fluidité (eau, salive, sucs gastriques et autres sucs) et maintient la souplesse et la flexibilité des articulations. Il contribue à mélanger les aliments dans l'estomac, les prépare à l’assimilation, cause la digestion, augmente la santé de notre structure physique, rend le corps lisse. Bad kan stabilise le mental, l’esprit et aide à bien dormir. Les maladies de bad kan s'accumulent en hiver, se déclarent au printemps et s'apaisent en été. Quand le médecin diagnostique un trouble de l’humeur du phlegme, il l’attribue la plupart du temps à un trouble du système digestif, de l’intestin, du colon ou des poumons. Mais aussi à des prises de poids, un manque de circulation de l’eau, une baisse de l’énergie du rein ou encore un œdème. On trouve cinq catégories de bad kan :

རྟེན་བྱེད་བད་ཀན། rten byed bad kan (bad kan qui supporte) : son siège est dans la poitrine. Sa fonction est de soutenir les quatre autre bad kan.
མྱག་བྱེད་བད་ཀན། myag byed bad kan (bad kan qui mélange) : son siège est dans l’appareil digestif supérieur. Son rôle est de mélanger les liquides aux solides et de les transformer en un état semi-liquide.
མྱོང་བྱེད་བད་ཀན། myong byed bad kan (bad kan qui ressent) : son siège se trouve dans la langue. Sa fonction est de ressentir et d’expérimenter les six goûts primaires.
ཙིམ་བྱེད་བད་ཀན། tsim byed bad kan (bad kan qui satisfait) : sons siège est dans la tête. Sa fonction est d’augmenter et de satisfaire le pouvoir des cinq sens.
འབྱོར་བྱེད་བད་ཀན། 'byor byed bad kan (bad kan qui connecte) : son siège se situe dans toutes les articulations du corps. Sa fonction est de maintenir la flexibilité des articulation.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

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METHODES DE DIAGNOSTIQUES

Les signes visibles et les symptômes du patient constituent le moyen le plus efficace de diagnostiquer un trouble. Toutefois, la médecine amchi considère également la prise de conscience de ma rig pa (voir, chapitre 5) à laquelle s'ajoute l'influence du tempérament de la personne. Ce qui donnera par exemple que trop d'éparpillement du patient accentuera l’humeur rlung, trop de colère accentuera mkhris pa et trop de fainéantise accentuera bad kan.

L’amchi tient également compte du comportement général de la personne et de ce qu'elle ingère au quotidien : aliments et boissons, éventuelles remèdes, son hygiène de vie, l’influence des saisons et le climat environnant. Selon le système amchi, les provocations ayant trait aux virus ou aux bactéries, sont interprétées traditionnellement par des attaques d’esprit de la nature. Elles viendraient simplement d’une attitude irrespectueuse des hommes envers la nature.

Dans les textes généralistes de la médecine amchi, le diagnostic médical s'appuie sur trois composantes séculaires ainsi décrites : l'observation (ressort du domaine de la vision), la palpation (ressort du contact digital) et le questionnement (ressort du domaine auditif). De la sorte, le médecin obtiendra une connaissance complète des maladies.

• L’observation du physique :

Avec ses yeux, le thérapeute observe tout ce qui ressort du domaine visuel comme l'aspect de la maladie, la vérification de la couleur et de l’état de la peau, de l’œil de la langue, de l’oreille externe (principalement pour les bébés et les jeunes enfants), des urines, des selles ou du vomis. Les amchis observent dans la langue, sa couleur, ses aspérités ou sa texture afin de déceler des troubles. L’analyse des urines est l’une des plus importantes techniques de diagnostic. On compte huit points essentiels dans cette analyse : la préparation, les conditions préalables à l’examen des urines, la qualité du récipient pour l’urine, la transformation du liquide, l’urine d’un patient en bonne santé, l’urine d’un patient malade, l’urine d’un défunt et les esprits malins de l’urine.

• La palpation :

Le contact digital concerne tout ce qui ressort du domaine de la palpation et notamment la réaction tactile du corps du malade et sa température. Plus particulièrement, il s'agit de développer un échange d'informations tactiles, se référant aux sensations que l’amchi ressentira avec ses mains à divers endroits du corps et points vitaux du patient (différents points relatifs à chaque organe et de pouls plus subtils). La prise des différents pouls (à travers lesquels on détermine l’équilibre entre les énergies du corps et le fonctionnement des organes) se décompose en treize points : la préparation, les conditions préalables à la prise de pouls, la localisation exacte de la prise de pouls, la variation de la force de la pression sur le poignet, les techniques de lecture et d’ analyse du pouls, les pouls diathésiques, les pouls saisonniers, les sept spéciales prises de pouls, les pouls des patients sains et ceux des patients malades, les pouls des défunts, les pouls classiques et les pouls spécifiques, les pouls d’esprits malins et le pouls de la force vitale. On peut noter que comme cet examen basé sur l'observation des pouls est une recherche destinée à déterminer le type de maladie et comme ce jugement est sans erreur, il s'agit d'un savoir parfaitement exact.

• Le questionnement et l’anamnèse complète du patient (récit des antécédents) :

L'interrogatoire verbale consiste à poser des questions sur l'origine de la maladie et ses symptômes. Elle comprend un large éventail de questions qui décortiquent le mode de vie, les goûts préférés, les réactions climatiques, le sommeil et les rêves, les habitudes alimentaires, l’état de pensée, les relations aux monde extérieur, aux gens… Ces questions concernent la manifestation des signes et des symptômes caractérisés par la nature des troubles spécifiques. Troubles censés correspondre avec les causes et l’environnement de la maladie et qui aident l’amchi à prononcer son diagnostic et son traitement. Ce dernier sera évidemment toujours ajusté en fonction des différentes réactions du corps et de l’état d’esprit du patient. L’amchi pourra être amené à agir en plusieurs étapes afin qu’en équilibrant une humeur cela ne crée pas de déséquilibre d’une autre humeur.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

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PRINCIPAUX TROUBLES

Les différents examens (particulièrement approfondis) permettent de détectés les trois principales pathologies rencontrées par les amchis : la première est la gastro-entérite (due le plus souvent au problème d’hygiène et de nourriture), la deuxième les rhumatismes (dues au froid et à l’humidité dans les maisons), la troisième est la pneumonie (due aux mêmes que pour les rhumatismes et également de respirer les fumées dans les maisons).

Plus en détail, voici certaines causes qui accentuent les différents désordres :

• Désordres de rlung (le vent) :

l'excès d’absorption d’aliments âpres (orge) ou amers (citron), légers et rudes (porc), la faim excessive, l’insomnie, l'excès d'activité physique, une trop grande activité sexuelle, parler trop et avec l'estomac vide, la perte abondante de sang, de forts vomissements, une diarrhée, l'exposition au froid, une grande douleur, pleurer beaucoup d’une grande tristesse (chagrin), une trop intense activité physiques ou mentales, un choc après un accouchement, un excès d'anxiété ou d'inquiétude, un dépérissement de l'absorption d'aliments trop légers et pauvres en qualités nutritives, la rétention intestinale forcée, la rétention forcée de l'urine, se retenir en façon déterminer, uriner et déféquer avec trop de force.

• Désordres de mkhris pa (la bile) :

l’excès d'aliments fort et piquants (poivre noir), chauds (boissons alcoolisées), gras (beurre de cacahuètes) et de viandes faisandées, une fortes émotions telles que la colère ou la haine, dormir trop pendant la journée, un effort physique bien au-delà de ses capacités, une activité sexuelle excessive, une exposition prolongée au ultra-violet ou dans un endroit trop chaud, des contusions dues un accident.

• Désordres de bad kan (le phlegme) :

l'excès d'aliments sucré (chocolat), lourds (blé), légers (riz), froids et huileux (beurre), prendre des fruits verts ou du blé non mûr, s’alimenter en trop grande quantité, dormir de trop, dormir après le repas (ou la journée), s'endormir sur un sol froids ou humide, nager dans une eau froide trop longtemps, le manque d'activités sportives, manger de la viande de la viande grasse ou crue en excès, de l'huile de grains, du beurre de vaches et de brebis, de la nourriture trop cuite, brûlés ou rance, trop de crudités (particulièrement les carottes et les navets), de l'ail cru, boire trop froid, porter des vêtements trop légers, manger avant d'avoir digéré le repas précédent.

* * *

Face à cela, on peux constater que les perturbations de rlung sont intermittentes ou erratiques, les dérèglements de mkhris pa ont des symptômes plutôt rapides et les désordres de bad kan s’installent de façon plutôt lente.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

Message par Bhikkhus »

TRAITEMENTS

On pourra résoudre de manière générale les problèmes des trois humeurs, rlung, mkhris pa, bad kan, en évitant tout excès dans un sens ou dans l'autre. C’est parfois si simple !

Toutefois, on peux noter qu’en règle générale les désordres de rlung se trouveront améliorés en utilisant les propriétés nutritives et huileuses des aliments. Les désordres de mkhris pa trouveront bénéfices dans des propriétés refroidissantes des aliments et les désordres de bad kan seront améliorés par une alimentation chaude.

En plus de précieux conseils préventif, alimentaires et même comportementaux, l’amchi prescrit uniquement des remèdes naturels d’origine végétale ou minérale qu’il prépare lui-même (selon des formules et des mélanges enseignés par un maître amchi).

Il peut être utilisé jusqu'à de 2.300 types de plantes, herbes, feuilles, graines, racines, champignons, écorces, résines, fruits, quelques substances animales tel que le miel, la corne, la carapace de crabe et plus de 50 minéraux (comme la quartz, les turquoises, la calcite) trouvés dans l’Himalaya !

On comprend donc que les amchis possèdent de très vastes connaissances au sujet de l'utilisation, du commerce, de l'histoire, et de la situation des plantes médicinales, des espèces végétales situées en plaine ou à haute altitude ainsi que dans l'environnement local. Les médicaments ainsi composés se présentent en pilules, poudre, décoctions et autre sirop ou encore en huiles, baumes et cendres qui s’appliquent alors aux traitements externes.
THANGKA plantes médicinales.jpg
THANGKA plantes médicinales.jpg (242.77 Kio) Vu 94780 fois
Les pilules contiennent généralement de nombreux ingrédients différents se complétant tous les uns les autres et qui ont été utilisés depuis des siècles, de telle sorte qu’ils n’ont habituellement pas d’effets secondaires (ce qui n’est pas le cas des médicaments de notre médecine occidental).

Certains types de pilules, appelées pilules précieuses « noires » et données en dernier recourt (dans les cas de fièvre chronique ou contagieuse, empoisonnements ou crampes gastro-intestinales, infection du sang ou problèmes nerveux) peuvent parfois contenir plus d'une centaine de composants y compris des métaux ou des minéraux semi-précieux (voir même précieux) tels que l'or, l'argent, le cuivre, le fer, le saphir, le quartz, l'émeraude, la turquoise, le rubis ou même le diamant dans sa forme purifié.

Ajoutons à ceci qu’il existe également des thérapies externes telles que les massages, les compresses, les saignées, la pose de ventouse, la moxibustion, l’acupuncture ou les bains médicinaux. Chacune de ces thérapies possède des sous-parties, ce qui élève le tout à 70 types de traitement.

Selon la médecine amchi, il faut savoir que les influences nuisibles des esprits malveillants qui ne peuvent être vus, peuvent néanmoins soudainement affecter les principes énergétiques. Ces influences vont particulièrement se ressentir, lorsqu’un patient ne réagit à aucun traitement, et ce, en dépit de l’exactitude du diagnostic et de l’efficacité du traitement. Les troubles doivent alors être traités par le biais de médicaments et rituels spéciaux.
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Message par Bhikkhus »

EQUILIBRE DES HUMEURS

Un proverbe latin bien connu nous dit : « mens sana in corpore sano ». Effectivement, afin de maintenir « un esprit sain dans un corps sain », il est important de se concentrer sur les facteurs qui perturbent l’état de l’équilibre général.

Lorsque les trois humeurs sont en équilibre, alors, ལུས་ཟུང་བདུན། lus zung bdun (les sept supports corporels) sont également en équilibre. Ils sont : les nutriments essentiels, le sang, les tissus musculaires, la graisse, l'os, la moelle et le fluide régénérateur.

Explications : lorsque l’on mange ou que l’on boit quelque chose, cette nourriture va directement dans notre estomac. Bad kan la mélange, et aide à la digérer. Puis, rlung aide à séparer les nutriments des déchets. Par loi de cause à effet, l'essence des nutriments formera le sang, l'essence du sang formera les tissus musculaires, l'essence des tissus musculaires formera la graisse, l'essence de la graisse formera les os, l'essence des os formera la moelle et l'essence de la moelle formera le fluide régénérateur. Ce simple processus montre combien il est important que les trois humeurs soient en équilibre. Parallèlement à ce système, trois types de déchets sont évidemment éliminés : les excrétions, l'urine, et la transpiration.

Quelques observations et règles simples permettent donc de garder un bon équilibre des trois humeurs. Rappelons nous juste d'éviter deux choses particulièrement essentielles : un régime malsain et un comportement inapproprié.

* * *

• Un régime malsain (en excès) :
comme nous nous en doutons (et pouvons facilement l’expérimenter), il constitue l’une des principales causes des troubles. La nécessité d'un régime alimentaire correct est particulièrement soulignée dans le Ghyüshi (puisque trois chapitres entiers lui sont uniquement consacrés). Ces derniers classent les différentes variétés de nourriture et de boissons, leurs différentes utilisations, les précautions qu'il faut avoir à leur égard et les volumes de nourriture qu'il faut absorber (en principe). Retenons juste qu’être prudent et savoir bien choisir les aliments appropriés en fonction des prédispositions de chacun est très important pour rester en bonne santé.

* * *

• L’approche comportementale inapproprié lors de variation saisonnière :
j’entends souvent dire autour de moi (et particulièrement dans mon activité professionnelle) qu’il faut se forcer d’être au « top » toute l’année. Or, je ne suis absolument pas d’accord avec cela, bien au contraire… on ne peut pas. La nature est une très bonne conseillère : tantôt elle est pleinement active et productive (en été), tantôt elle se repose en récupère (en hiver). Fort de cette simple observation, il est nécessaire de bien comprendre les changements du corps en fonction des caractéristiques des changements de saison et donc de faire attention à suivre un régime adapté.

Le Ghyüshi range les régimes comportementaux en trois catégories : le comportement quotidien, le comportement saisonnier et le comportement exceptionnel.

• Le comportement quotidien se rapporte à l'utilisation correcte du corps, de la parole et de l'esprit. Les occupations ou environnements qui sont émotionnellement perturbants ou hasardeux sont largement déconseillés. S’auto-discipliner à se tenir régulièrement à un tel comportement contribuera non seulement à atteindre une bonne santé et une vie confortable mais aussi à atteindre la longévité et le bonheur. L'emphase est donnée à mener une vie spirituelle afin de minimiser ses propres souffrances dans la vie et ultimement atteindre la bouddhéité.

• Afin de pouvoir respecter le comportement relatif aux saisons, un individu devra rester attentif à la transformation de l'énergie de son propre son corps (en respectant l'évolution dans l'environnement). Par cela, il devra s'efforcer d'harmoniser son comportement avec tous ces changements. Par exemple, en période pré-hivernale, le froid extérieur bloque tous les pores du corps et, par conséquent, l'énergie de l’élément feu. L'air stimulant la chaleur, on devra donc consommer suffisamment de nourriture qui contienne des goûts sucrés, salés ou aigres, sans quoi l'ensemble des sept constituants corporels (lus zung bdun) s'affaibliront d’eux même. Le début de l'hiver est également une période où les jours s’amenuisent. Les nuits étant plus longues et la faim se faisant plus sentir, prendre peu de nourriture pendant cette longue période hivernale contribuera également à affaiblir lus zung bdun. Pour pouvoir remédier à ce déséquilibre saisonnier, il est donc simplement conseillé de prendre des nourritures et des boissons particulièrement nutritives, c’est à dire d’adapter son hygiène de vie (alimentaire, vestimentaire et comportementale) à la saison.

• Le régime comportemental exceptionnel se traduit à travers des besoins impérieux comme une faim ou une soif insatiables ou d'autres besoins particulièrement urgents. Ceux-ci ne doivent pas être supprimés mais il faut avoir à l’esprit de laisser la nature faire les choses et suivre son cours.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

Message par Bhikkhus »

MAÎTRES HERBORISTE

L’une des bases de la formation amchi est de trouver, cueillir, sécher et purifier les herbes, mais aussi de les cultiver et de les sauvegarder. Chaque partie de la plante possède en effet son action propre : les racines pour l’os, la tige pour la peau, les branches pour les canaux d’énergie, la feuille pour les organes internes, la fleur pour aiguiser les sens et le fruit pour influer sur le cœur et les organes internes. Naturellement, il existe en parallèle de cette formation de précieux livres de médecine très anciens, reproduisant des planches d’identification de végétaux ainsi que des livres de recettes de médicaments.

D'innombrables variétés de plantes médicinales poussent sur les hauts plateau du Tibet. Les cueillir selon les règles de l'art est très important pour assurer une qualité optimale aux médicaments. Avec tout ce que cela suppose de savoir sur le goût, le froid, la chaleur, les racines, les feuilles, les tiges, les fleurs, les fruits, etc… l'étude de la cueillette ne peut être menée superficiellement. D'autre part, la pratique et l'expérience restent primordiales pour adapter le savoir académique aux circonstances locales, car le moment de la cueillette peut être facilement avancé ou retardé selon l'altitude du site, sa pluviosité ou son simple microclimat.

On peut noter cinq points-essentiels dans la cueillette des simples : les lieux de cueillette, les périodes de cueillette, les techniques de séchage, la durée de vie des médicaments et la détoxication.

* * *

• Les lieux où poussent les différentes plantes médicinales ne sont pas forcément des sites de cueillette appropriés si le sol est par exemple trop sec ou trop humide, s'il s'agit d'un cimetière, d'un précipice ou d'une falaise, d'un endroit dénué d'ombre ou bien encore d'un lieu pollué. En revanche, si les plantes poussent sur un site agréable et propre, avec suffisamment de soleil et de vent, si le sol est fertile et l'hydrométrie équilibrée, le lieu convient à la cueillette. En partant de là, si les plantes à cueillir ont des couleurs vives, si leur saveur est goûteuse lorsqu'on les porte à la bouche, si leurs racines sont longues et s'enfoncent suffisamment profondément dans le sol, si elles n'ont pas été attaquées par les insectes, le feu, le gel ou encore la grêle, elles seront très efficaces dans la lutte contre les maladies. Les amchis expliquent que les herbes médicinales à potentialité « froide » se recherchent sur les versants nord de la montagne (coté ubac), dans les endroits très frais obscure et ombragés ainsi que sur les sommets. Elles sont très efficaces contre les maladies dites de « nature chaude ». Inversement, les plantes à potentialité « chaude » se recherchent sur les versants sud (coté adret), bien ensoleillés. Il est dit qu'elles combattent très efficacement les affections de « nature froide ».

• La période optimale de cueillette est celle où les plantes médicinales se sont développées jusqu'à pleine maturation de leur potentiel. Par exemple : les tiges sont sectionnées en période humide, les racines sont arrachées à la fin de l'automne et au début du printemps, les feuilles sont coupées en été, les fleurs seulement lorsqu'elles sont largement ouvertes, les graines et les fruits sont récoltés en automne (lorsqu'ils sont bien mûrs), les écorces sont retirées au début du printemps tandis que la résine est extraite au milieu de cette saison. Notons également que les plantes dites purgatives (qui entraînent vers le bas) et dont la potentialité est celle des éléments terre et eau, présentent la particularité d'être cueillies en période descendante (saison automne-hiver) tandis que les plantes dites émétiques (qui attirent vers le haut) et dont la potentialité est celle des éléments feu et air, sont ramassées en période ascendante (saison printemps-été).

• Après la période de la cueillette, les simples sont mis à sécher selon des règles établies bien précises. En aucun cas la manipulation ne doit être souillée (que ce soit par des mains sales ou même la salive). Toutes les opérations doivent se faire dans une hygiène absolue. En règle général, les amchis les débarrasse des petits cailloux, de la terre et autres saletés qui les recouvrent et les lave sur place avec de l'eau clair. Puis, une fois coupées, elles sont pressées et secouées pour en extraire le jus, avant d'être rapidement mises à sécher. Ainsi, les médicaments préparés de cette manière ne perdent ni la force de leur goût, ni celle de leur arôme et pourront donc garder leur pleine efficacité contre les maladies. Il est intéressant de savoir que si on ne les secoue pas et qu'on les laisse sécher d'elles-mêmes, les plantes médicinales n'auront pas plus de saveur et de capacité que de simples herbes jaunies. D'ordinaire, les simples à potentialité « froide », les oléagineux et ceux dont la nature change facilement doivent être mises à sécher dans un frais et sec tandis que les médicaments à potentialité « chaude » seront séchés directement au rayon du soleil.

• Lorsque l'on parle de la fraîcheur d’un médicament, cela signifie simplement qu'il ne doit pas être vieux. Par exemple, tout végétal cueilli devient trop ancien au bout d'une année et perd son efficience. L’amchi doit donc s'en débarrasser afin de préparer de nouveaux médicaments Pour ce qui est des fruits et des graines, il est nécessaire également de parfaitement connaître leur aspect et leur texture.

• Lors de la cueillette des simples, les substances toxiques immédiates doivent être extraites au moment approprié (et en prenant d'extrêmes précautions). Par exemple, il peut être nécessaire d'ôter la tige, l'épiderme des racines, le latex, les nœuds des branches ou le noyau (même si celui-ci doit être conservé dans certains cas). Un épiderme, dégradé, souillé ou noirci sous l'effet du soleil et de la pluie, sera également retiré. On peut aisément comprendre que toutes ces opérations nécessitent des connaissances très précises de la morphologie végétale.
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

Message par Bhikkhus »

TRANSMISSION DU SAVOIR

La transmission de ce précieux savoir se fait depuis des siècles de père en fils ou de maître à élève et il faut le plus souvent toute une vie de perfectionnement pour améliorer la pratique d’un bon amchi. Cet enseignement se perd aujourd’hui, du fait de la géo-localisation éloignée des lieux, des conditions naturelles difficiles et du manque d’infrastructures. Les jeunes habitants désertent les endroits où il est difficile de vivre pour se rendre dans les grandes villes. Il y a de moins en moins d’enfants, donc d’écoles et donc d’amchis.

Or il est important (voir même capital) de sauvegarder la médecine amchi !

Si l’on prend le temps d’observer les choses, en occident, les nombreuses prescriptions médicales sans discernement d’antibiotiques ont entrainées une résistance accrue des bactéries. Dans un futur très proche, 80 à 90 % des germes infectieux seront inattaquables. C’est pourquoi, les plantes prennent en occident une importance croissante pour les nouveaux chimistes. Or nous l’avons bien compris, les amchis connaissent parfaitement les plantes ! Ils peuvent nous apprendre énormément de choses concernant les thérapies par les plantes. La tradition amchi est actuellement la seule médecine qui, sur place, sauve des vies, elle est naturelle et provient des plantes qui sont souvent (ne l’oublions pas) la base des médicaments traditionnels.

Cette science sera toujours utile….

སྨན་རྩིས་ཁང་། sman rtsis khang (prononcé men tsee hang), l'Institut de médecine et d'astrologie tibétaine qui fut créé en 1916 à Lhassa au Tibet par SS le treizième Dalaï-Lama est maintenant situé en Inde, à Dharamsala depuis 1961 (avec SS le quatorzième Dalaï-Lama). Fort heureusement, cette institution continue de promouvoir la médecine traditionnelle tibétaine par la conservation de ce précieux savoir, l’apprentissage et la fabrication écologique et respectueuse de médicaments. Les étudiants y apprennent la médecine ainsi que l’astrologie et l’astronomie. Des soins gratuits y sont prodigués pour les plus nécessiteux. Aujourd’hui, la Chine, qui a su reconnaître la qualité des soins tibétains, possède de nombreux hôpitaux spécialisés et équipés en ce sens.

De notre coté, même si certain d’entre nous en n’ont peut être eu l’idée, je pense qu’il est totalement impossible (voir même carrément inconcevable) de soulever la question d’une fabrication de masse de médicament tibétain, sans prendre le risque d’appauvrir la diversité écologique, de bafouer la nature et de tomber dans un nouvel écueil simplement commercial. Observons juste ce qui se passe déjà pour la cueillette du yarsagumbu et notre raison nous répondra.

La pratique médicale tibétaine n’est malheureusement pas encore reconnue en France à l’heure actuelle.

Or, on comprends bien que le système amchi ne s’oppose en rien à la médecine occidentale qu’il peut compléter, voir même suppléer (comme c’est le cas aujourd’hui dans les régions reculées loin de la civilisation). La pratique médicale la plus représentée dans nos pays occidentaux consiste à ne pas « trouer la peau ». C'est-à-dire empêcher la pratique de l’acupuncture ou des saignées (pourtant très efficace). Elle peut néanmoins s’y résumer en conseils alimentaires ou comportementaux, par le yoga ou la méditation, par le massage ou les ventouses, la moxibustion, les décoctions ou confections de poudres composées de plantes et que l’on peut faire soi-même…

Tenzin Bista est l’un des sept derniers amchis du royaume de Lo Manthang. Une minuscule enclave tibétaine du confins du Népal, de moins de sept mille habitants et qui ne connaît quasiment à ce jour, ni la radio, ni la télévision, ni la voiture, ni la bicyclette. Il souhaiterait pouvoir bâtir une école afin de perpétuer ce précieux enseignement durant toute l’année et non pendant quatre mois comme actuellement. Ce projet d’école verrait le jour à Pokhara (Ouest du Népal) où la période hivernale est moins rude et permettrait ainsi à une trentaine d’étudiants de suivre l’enseignement amchi (durant sept années pleines) afin de pouvoir exercer par la suite leur savoir dans cette région minérale où les hommes s’intègrent dans une nature hostile mais ô combien sublime.
Royaume de Lo Manthang.jpg
Royaume de Lo Manthang.jpg (95.67 Kio) Vu 94780 fois
Que peut on observer dans ces terres reculées et totalement oublié par le monde moderne, si ce n’est que le bouddhisme étant une possibilité de la médecine ? Il se comprend comme un état d’esprit de l’individu. En effet, il ne s’agit pas tant d’ériger des dogmes mais bien de rendre acteur de sa guérison chaque patient dans sa manière d’intégrer et d’interagir avec son environnement extérieur.

On peut tout à fait pratiquer la médecine tibétaine sans être bouddhiste et respecter son corps, ce qui l’entoure et le constitue.

Comme nous l’avons découvert, la science médicale amchi, a rencontré et intégré la plupart des systèmes locaux : ayurvédiques, perses, grecs ou celui de la médecine chinoise. Les ensembles de ces différents systèmes se sont réciproquement enrichis. Mais tout en absorbant des influences diverses, la médecine traditionnelle tibétaine est restée bien distincte en enseignant la voie du juste milieu et en évitant toute sorte d’excès.

Cette science est un véritable diamant à l’état brut que seuls les amchis peuvent sauvegarder…

Un tel savoir de plus de deux millénaires ne doit pas disparaitre…

Pour finir, voici un petit lien (directement en rapport avec le topic) et qui pourra vous intéresser.
:arrow: http://www.alchimiste-en-herbe.com/refe ... es-plantes

Bien à tous.
:D :D

ཏདྱཐཱ་ཨོཾ་བྷེ་ཥ་ཛྱེ་བྷེ་ཥ་ཛྱེ་མཧཱ་བྷེ་ཥ་ཛྱེ་རཱ་ཛཱ་ས་མུངྒ་ཏེ་སྭ་ཧཱ།
Secret :
Mantra du bouddha de médecine : tadyatha om bhe khan dze bhe khan dze maha bhe khan dze ra dza sa munga te sva ha
THANGKA du bouddha de médecine.jpg
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Re: Médecine tibétaine : la tradition amchi

Message par Kouen-Louen »

Super ton travail de recherche Bhikkhus. J'ai vraiment apprécié.
Je vais en faire part à un ami médecin qui est très intéressé par les médecines naturelles et douces. Il y a de très bonnes infos.

En cadeau, je t'offre ce lien qui qui te montrera de superbes photos du tibet.
:applause:
http://www.lumieresdaltitude.com/galler ... lery_id=27
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Je peux vous conseillez de lire à ce sujet :

Le livre de la médecine tibétaine
de Ralph Quinlan.
160214.jpg
160214.jpg (76.08 Kio) Vu 94136 fois
Très détaillé et abondamment illustré, cet ouvrage doit nous apprendre à intégrer la médecine tibétaine dans notre vie quotidienne pour améliorer notre santé et notre bien-être. Incluant de nombreuses techniques déjà populaires en Occident (comme la méditation, le yoga ou la phytothérapie), cette méthode efficace vise autant à rétablir notre équilibre corporel et psychique qu'à améliorer notre relation à l'environnement et aux différentes saisons. Elle offre un regard nouveau sur la santé et le bien-être.

L'ouvrage se divise en sept grands chapitres :

1° Origine de la médecine tibétaine et création de l'art de la guérison mystique.
2° Etude du cadre médical, analyse de la manière dont les médecins tibétains voient l'anatomie humaine et approche de la maladie. Développement des "humeurs," des chakras et du prana.
3° Techniques et diagnostiques (pouls, urines, langue, thème astral...).
4° Rôle du régime pour la médecine tibétaine (principes sous-jacents à la vie moderne).
5° Thérapies clés (moxibustion, pillules, ventouses, phytothérapie, programme de rajeunissement contre le stress et l'épuisement...).
6° Rôle de l'esprit sur la santé physique (utilisation du yoga, de la méditation et exercices spirituels profonds accompagnés).
7° Importance de la prière et des rituels, liturgie du bouddha de médecine, mantras et prières à utiliser à différents moments...
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Pour rester dans le même thème de livre sur les sciences-humaines et la spiritualité, je rajoute également cet excellent ouvrage du vénérable Kiabjé Kalou Rinpoché (lama et médecin tibétain d'une profonde réalisation).

Le bouddha de la médecine et son mandala.
8403.jpg
8403.jpg (46.22 Kio) Vu 93978 fois
Cet ouvrage débute par une approche très intéressante qui explique l'origine du monde, celui des hommes (son évolution), leurs émotions et les maladies qui en découlent. En seconde partie, sont décrites de nombreuses méthodes de diagnostic et une petite évocation des remèdes traditionnels (hé oui… ce n’est pas non plus le Ghyüshi :) ), sans oublier pour terminer la personne de l'amchi dont la motivation altruiste est un élément déterminant de la guérison. Les dernières pages sont consacrées à la compréhension du mandala, à la psalmodie du mantra du bouddha de médecine et la récitation de prière adaptée à la guérison.

Que marigpa soit éradiquée et que la bodhicitta fleurisse en tout lieu !
:P
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Voici une jolie série de photos axées autours de différentes phases relative au mandala du bouddha de médecine.
Mandala 1 (jour 1).jpg
Mandala 1 (jour 1).jpg (48.48 Kio) Vu 93916 fois
Mandala 2 (jour 1).jpg
Mandala 2 (jour 1).jpg (38.25 Kio) Vu 93916 fois
Mandala 3 (jour 1).jpg
Mandala 3 (jour 1).jpg (35.04 Kio) Vu 93916 fois
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Mandala 4 (jour 2).jpg
Mandala 4 (jour 2).jpg (31.26 Kio) Vu 93916 fois
Mandala 7 (jour 5).jpg
Mandala 7 (jour 5).jpg (50.53 Kio) Vu 93916 fois
Mandala 8 (jour 5).jpg
Mandala 8 (jour 5).jpg (53.19 Kio) Vu 93916 fois
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Mandala 11 (jour 7).jpg
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Mandala 12 (jour 8 Puja).jpg
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Bhikkhus
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Mandala 15 (jour 8).jpg
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Mandala 18  (jour 8 Dispersion ).jpg
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Phurba »

Arg ! Il est tout détruit à la fin... snif ! :cry:

Magnifique ce mandala...
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Phurba a écrit :Magnifique ce mandala...
Ho que oui... c'est même une très bonne idée de "support" à dessiner un jour.
Il faut que je creuse la question un de ces quatre.
;)
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Kephren25 »

Bonjour Bhikkus
Sais-tu ou je peux trouver ce livre car le seul endroit ou je le trouve c'est sur amazone à plus de 130 euros !!!!!
Bhikkhus a écrit :Pour rester dans le même thème de livre sur les sciences-humaines et la spiritualité, je rajoute également cet excellent ouvrage du vénérable Kiabjé Kalou Rinpoché (lama et médecin tibétain d'une profonde réalisation).

Le bouddha de la médecine et son mandala.
8403.jpg
Cet ouvrage débute par une approche très intéressante qui explique l'origine du monde, celui des hommes (son évolution), leurs émotions et les maladies qui en découlent. En seconde partie, sont décrites de nombreuses méthodes de diagnostic et une petite évocation des remèdes traditionnels (hé oui… ce n’est pas non plus le Ghyüshi :) ), sans oublier pour terminer la personne de l'amchi dont la motivation altruiste est un élément déterminant de la guérison. Les dernières pages sont consacrées à la compréhension du mandala, à la psalmodie du mantra du bouddha de médecine et la récitation de prière adaptée à la guérison.

Que marigpa soit éradiquée et que la bodhicitta fleurisse en tout lieu !
:P
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Lobsang »

Est-ce bien celui-ci ? dont tu parles ?
Il est en vente à la F**C pour 12.17 €

Date de parution septembre 1999
Editeur Marpa
Format 12cm x 17cm
Nombre de pages 192
:)
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Kephren25 »

Bonjour Lobsang
oui je pense que c'est celui-la
je suis rassuré du prix et la j'ai une personne du forum qui me propose le sien
encore merci pour ta réponse
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Lobsang »

Bonsoir Kephren ཀེ་ཕ༹ྲེན། ? ;)

Contente qu'un gentil membre :D te le propose.
C'est souvent que l'on trouve des propositions exorbitantes, même pour des livres encore publiés, par exemple pour le Manuel de Tibétain Standard à + de 74 € sur un célèbre site d'enchères alors que le prix actuel neuf est de 60 € chez A... ou comme celui que tu as trouvé (record de spéculation ?)
Pour les livres qui sont épuisés, il faut souvent faire preuve de patience +++ mais parfois celle-ci est récompensée sans que l'on doive se saigner... :mrgreen: ça m'est arrivé et j'ai bien ramé Image
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Laeticia78 »

Hello, vraiment top cet article, merci beaucoup :)
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Brenda06 »

J'ai pris le temps de tout et c'est vraiment très intéressant. La culture du Tibet a vraiment à nous apprendre!

EDIT de la modération : j'ai supprimé le lien commercial inclus sous "Tibet".
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Re: Culture : Médecine tibétaine amchi

Message par Bhikkhus »

Brenda06 a écrit :c'est vraiment très intéressant. La culture du Tibet a vraiment à nous apprendre!
Tashi délèk Brenda-la;

Si la médecine traditionnelle amchi t’a autant plu, je ne peux que t’encourager à faire des recherches sur ce que sont les yantrayoga. Je n’ai pas trop le temps de développer le sujet, mais je vais prendre quelques instants pour faire un petit commentaire.

Yantra est l’équivalent sanskrit du terme tibétain thrülkhor ([wylie], ‘phrul ‘khor) « rouage » dont l’une des acceptions est « mouvement corporel ». Yoga est quant à lui un mot sanskrit aujourd’hui très répandu, généralement traduit par « union » ; mais son équivalent tibétain, nèldjor, précise qu’il s’agit plutôt de reconnaître notre état primordial, notre nature de bouddha, déjà présente et immuable.

Le terme yantrayoga fait donc - dans ce contexte - référence à un vaste ensemble de commentaires et de techniques psychophysiologiques antiques basées sur la constitution subtile de l’individu. Je ne veux pas trop renter dans les détails, mais lorsqu’on évoque cette tradition, on peut dire qu’il existe deux transmissions principales : une ancienne, liée au Dzogchèn, et une plus récente, liée à l’école Kagyüpa. La transmission ancienne nous vient de Vairocana et Vimalamitra, se poursuit avec Padmasambhava et Yéshé Tsogyèl puis Longchèn Rabjampa et Jigmé Lingpa. La transmission nouvelle provient quant-à-elle de Mañjuśrī et continue grâce à l’université indienne de Nālandā au travers des Six yoga de Nāropa, qui furent transmis à Marpa et Milarépa. Ces deux traditions ont ensuite été lentement diffusées de l’Inde et du Shang-Shoung au Tibet par des adeptes affinés au fil des siècles à travers l’expérience des maîtres spirituels des différentes lignées de transmission.
Visualisation typique d'un A tibétain appliquée lors de pratique de yantrayoga.
Visualisation typique d'un A tibétain appliquée lors de pratique de yantrayoga.
Yantrayoga (3).jpg (140.29 Kio) Vu 50649 fois
Connu au Tibet sous le nom de Thrülkhor kyi nèldjor (tib [wylie], ‘phrul ‘khor gyi rnal ‘byor) « Yoga des rouages », le yantrayoga regroupe ainsi un vaste ensemble de pratiques dites « internes » mettant en œuvre différents composants du corps subtil : canaux subtils (les naḍī), vortex subtils (les cakra), souffles internes (les vāyu) et gouttes essentielles (les bindu) afin de faciliter les plus hautes pratiques de yoga (internes) exposées dans l’Anuyoga et l’Anuttarayogatantra, ayant tous deux pour visées de faire découvrir à l’adepte sa véritable nature.

On peut mieux comprendre à présent que certaines pratiques quotidiennes de yantrayoga (à mettre en œuvre autant que faire se peut) sont des compléments indispensables pour obtenir un esprit serein via un mode de vie sain.

Voila pour mon petit commentaire...
Petit... j'ai fait au plus court.
:lol:
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