Asanga et le bouddha Maitreya
Asanga (en tibétain,
thogs med) signifie le non-attachement.
Asanga un était un grand
yogi, philosophe et érudit moine bouddhiste gandharais du IVème siècle après J-C. Auteur du
Compendium de l'
Abhidharma, il avait été prophétisé par le
Bouddha historique neuf siècles auparavant comme
bodhisattva.
Asanga est surtout devenu célèbre en purifiant toutes ses obstructions karmiques par la force de sa grande compassion, ce qui lui permit de voir directement son guide spirituel le
bouddha Maitreya. Comme promis, voici l’histoire de cette rencontre.
Un matin,
Asanga pris un jour la route et partit seul dans les montagnes pour y faire une retraite solitaire, désirant concentrer toute sa pratique sur le
bouddha Maitreya (en tibétain,
byams pa) avec le ferveur espoir d’être béni par une vision de celui-ci, et de recevoir de lui des enseignements.
Pendant six années,
Asanga médita dans une austérité extrême, sans recevoir ne serait ce que l’ombre d’un rêve favorable. Découragé, il pensa que son ardent désir de rencontrer le
bouddha Maitreya ne serait jamais exaucé. Il interrompit alors sa retraite et quitta son ermitage. Il n’était pas allé bien loin sur la route lorsqu’il aperçut un homme occupé à frotter une énorme barre de fer avec un petit mouchoir de soie !
Asanga alla lui demander ce qu’il faisait. « Je n’ai pas d’aiguille, lui répondit l’homme, aussi j’en fabrique une à partir de cette barre de fer ». Abasourdi par la scène,
Asanga le regarda fixement. Même si l’homme devait parvenir à son but dans cent ans, pensa-t-il, quel intérêt ? Il se dit en lui-même : « Vois le mal que se donnent les gens pour des choses complètement absurdes. Tant d'énergie pour une chose de si peu d'importance ! Et moi, qui suis engagé dans une pratique spirituelle, une démarche de valeur incontestable, je suis loin d’être aussi motivé. » Sur cette réflexion, il rebroussa son chemin et regagna son ermitage.
Trois nouvelles années passèrent et toujours aucun signe de
bouddha Maitreya. « Désormais, pensa
Asanga, je suis certain que je ne réussirais jamais. » Il partit donc à nouveau et parvient bientôt à un tournant de la route où se trouvait un énorme rocher, si gros et si haut qu’il semblait pratiquement toucher le ciel. Un homme, au pied de ce rocher, était fort occupé à le frotter avec une grande plume imbibée d’eau. Tout comme lors de sa précédente rencontre,
Asanga lui demanda ce qu’il faisait. « Ce rocher est si gros et si haut qu’il empêche le soleil de briller sur ma maison, aussi j’essaie de m’en débarrasser. » Totalement sidéré par l’énergie infatigable de cet homme,
Asanga retourna de nouveau à sa retraite, particulièrement honteux de son propre manque de dévotion.
Trois années de plus s’écoulèrent, et il n’avait même pas fait un seul rêve de bon augure. Il décida, une fois pour toutes, que tout cela était sans espoir et il quitta définitivement sa retraite. La journée avançait et, dans l’après-midi, il rencontra en chemin un malheureux chien couché sur le bord de la route. Il ne lui restait plus que les pattes avant ; tout son arrière-train était putréfié et infesté de vers grouillant. Malgré son état pitoyable, le chien grognait après les passants et essayait pathétiquement de les mordre, en se traînant sur le sol au moyen de ses deux pattes valides.
Asanga fut alors submergé par un sentiment de compassion déchirante et insoutenable. A l’aide d’une pierre tranchante, il coupa un morceau de sa propre chair et le donna à manger au chien. Puis il se pencha pour le débarrasser des vers qui le dévoraient. Mais il s’avisa soudain qu’il allait peut-être leur faire du mal en les prenant entre ses doigts et compris que la seuls façon de les retirer était d’utiliser la douceur de sa propre langue.
Asanga s’agenouilla sur le sol, devant l’horrible amas grouillant et suppurant, il ferma les yeux. Il s’approcha davantage, sortit sa langue… et réalisa soudain qu’elle touchait le sol. Le chien avait disparu ; à sa place se tenait le
bouddha Maitreya, tout auréolé d’une lumière radieuse.
«
Enfin ! dit
Asanga. Mais pourquoi ne m’es-tu jamais apparu auparavant ? Il n’est pas vrai, répondit
Maitreya avec douceur, que je ne te sois jamais apparu avant ce jour. En réalité, j’ai toujours été à tes cotés, mais ton
karma négatif et les voiles de ton esprit t’empêchaient de me voir. Tes douze années de pratique les ont légèrement dissipés, c’est pourquoi tu as enfin pu voir le chien. A ce moment-là, grâce à la sincérité et à l’authenticité de ta compassion, tous les voiles qui obscurcissaient ton esprit ont été complètement balayés et, maintenant, tu peux me voir devant toi de tes propres yeux. Si tu ne crois pas que cela s’est passé ainsi, prends-moi sur ton épaule et vérifie si quelqu’un d’autre peut me voir. »
Asanga mit
Maitreya sur son épaule droite et s’en alla jusque sur la place du marché d’un village voisin. Là, il demanda à tout ceux qu’il rencontrait : « Que voyez-vous sur mon épaule ? ». « Rien », lui répondirent la plupart des gens, sans s’arrêter. Seule une vieille femme, dont le
karma avait été légèrement purifié lui dit : « Il y a sur ton épaule la cadavre pourri d’un vieux chien, voilà tout ».
Asanga compris enfin le pouvoir sans limite de la compassion qui avait purifié et transformé son
karma négatif, faisant de lui un réceptacle digne de recevoir la vision de l’enseignement de
Maitreya. Le
bouddha Maitreya, dont le nom signifie « amical-bienveillant», conduisit alors
Asanga vers un
bouddha-kshetra (royaume céleste) où il lui conféra des enseignements nombreux et sublimes, qui comptent parmi les plus important de tout le bouddhisme.
ཨོཾ་མཻ་ཏྲི་མ་ཧཱ་མཻ་ཏྲི་མཻ་ཏྲི་ཡེ་སྭཱ་ཧཱ།
- Bouddha Maitreya
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