Re: Débuter à la calligraphie tibétaine
Posté : sam. 1 févr. 2014 13:18
Le sceau personnel : Usages :Bhikkhus a écrit :Cette passion que je porte à la culture et à la spiritualité tibétaine est absolument dévorante et figures-toi que je commence tranquillement à y réfléchir. J’ai d’ailleurs justement posé deux trois question à Nam’ à ce sujet.Lobsang a écrit :Pourquoi ne te ferais-tu pas un sceau de calligraphe aussi ?
Pour les sceaux personnels, dans la tradition tibétaine et mongole, il s'agit tout simplement d'une authentification supplémentaire, sur les documents officiels, ou pour qui diffuse les documents. En gros donc, un sceau est une signature supplémentaire, et est réservé au dignitaire qui signe tel ou tel document officiel. Ils sont en général -mais pas systématiquement- rédigés en écriture Horyig (tib. phags pa). Les sceaux de hauts dignitaires sont volontairement très complexes, pour être plus difficiles à reproduire; le sceau personnel de Sa Sainteté le Dalaï-Lama du Tibet est un bon exemple de cela.
Sinon, il sert aussi aux personnes illettrées qui ne savent pas signer leur nom, car cela fait également office de signature, dans l'administration de certains pays.
Le sceau d'artiste : Une marque d’expérience :
Le sceau, qui représente l'artiste graphiquement (je reviendrai sur ce point plus loin), est avant toute chose une représentation de son expérience. Ainsi, traditionnellement au Tibet, il n'était pas rare qu'un étudiant atteigne 12 ans d'études, voire plus, avant de se fabriquer son propre sceau. Je m'aperçois en écrivant que c'est d'ailleurs ce que j'ai fait sans le savoir, car j'ai commencé la calligraphie en 1999, et mon premier sceau date de 2011 !
Le sceau est donc une marque de garantie et de sérieux; il est la représentation de l'expérience de l'artiste, accumulée sur une longue période. Naturellement, tout cela ne concerne que les artistes dont la création d'oeuvres est la seule activité, et/ou les diffusent, mais en général si ils ont atteint ce niveau, c'est qu'il y a effectivement tout ce cheminement derrière.
De nos jours, cette tradition -pourtant pleine de sens- se perd, malheureusement. Les gens veulent se démarquer toujours plus, et tous les moyens sont bons pour ça, y compris les sceaux traditionnels. Le gros problème que cela pose, c'est que du coup on ne peut plus savoir si un sceau est toujours une marque de garantie et de sérieux de la part de l'artiste, ou bien si il s'agit simplement d'un trip d'ego...
En réalité, la question qu'il faut se poser, c'est : "dans quelle perspective, et avec quelle motivation? Est-ce que mon sceau représentera mon art et tout le cheminement qui m'y a conduit, ou bien sera-ce la représentation graphique de mon ego?"
Le sceau d'artiste : la création
Il appartient à l'artiste de se créer lui-même son sceau, en tous cas le motif qui y figure, de A à Z. Le motif doit être simple, mais percutant. Par exemple, un artiste du nom de Dorje pourra choisir un simple vajra, ou un double-vajra... Parfois c'est plus l'année de naissance qui est mise en avant (car il y a beaucoup de Dorje, mais pas beaucoup de calligraphes nés dans l'année du Tigre d'Eau, comme Tashi Mannox; sur son sceau on peut voir un Tigre, et l'élément Eau).
Il doit donc être la représentation graphique de l'artiste, et de fait est tout aussi personnel qu'une signature manuscrite. Cette représentation graphique de l'artiste, outre le fait d'authentifier sa signature ainsi que son expérience, permet également à ceux qui ne savent pas lire, de comprendre de qui l'oeuvre est issue.
Il incombe donc à l'artiste de concevoir son sceau, en utilisant un ou des symboles simples qui le représentent au mieux, ou bien un ou quelques mots simples qui formeront un motif aisément reconnaissable.
Une fois le motif créé, on peut confier ce projet à un artisan ou à une société spécialisée, pour qu'un tampon soit réalisé.
La plupart de ce post ne concerne que les sceaux d'artistes dans la tradition tibétaine et himalayenne, dans laquelle l'expérience, le cheminement et la maîtrise de la discipline, priment sur tout le reste.
L'usage et/ou la création peut varier grandement selon les pays.