Guillaume a écrit :Je te prie de bien vouloir accepter mes excuses, je n'avais pas bien compris ton texte précédent.
Il n'y a aucun malaise... tu n'as pas à t'excuser. C'est un réel plaisir d'échanger avec toi sur ce genre de sujet.
Guillaume a écrit :Si l'humanité pensait à ses vies futures, et était moins égoïste, peut être aurions nous une chance de re considérer la manière dont nous (sur)exploitons la planète.
Je sais… c’est une bien triste réalité. Mais j’ai envie de dire aussi que si une partie de l’humanité ne se sent pas capable (ou n’est pas prête) à penser à ses vies futures, il revient de charge à celles et ceux qui en ont (déjà) conscience d’essayer de transmettre le message qu’il serait souhaitable de penser au minimum ne serait ce qu’à la nouvelle génération à venir…
N’oublions pas non plus (pour celle et ceux adhérant au concept) que selon la cosmogonie de l’hindouisme, l’humanité traverse actuellement le quatrième âge d’épreuve du
kali-yuga (
སྙིགས་དུས། snyigs dus).
Lors de cet âge d’obscurité la grande majorité de la civilisation humaine dégénère spirituellement. Durant cette période, les gens sont aussi éloignés que possible de leurs religions et de leurs dieux et cinq dégénérescences majeures apparaissent : une durée de vie plus courte, une dégradation du
karma général, des vues de la métaphysique erronée, un déclin des facultés des êtres et un accroissement des émotions négatives qui alimentent les passions. La très bonne nouvelle, c’est que du point de vue du bouddhisme tibétain, il a été dit qu’à partir de
Mañjushrī-Yashas, les rois-
kalkins souverains de
Shambhala, préserveront l’unité de leur royaume tantrique cimenté par les initiations et les enseignements du bouddhisme
Vajrayāna.
Guillaume a écrit :penser qu'un souvenir d'existence physique passé ne puisse être transmis serait pour certains providentiel, pour d'autres une aubaine.
Effectivement, dans bien des cas tout dépend souvent de notre propre point de vue.
Voici le mien : en faisant exception des quelques grands
sprul sku parfaitement réalisés, il me semble que si nous n'avons pas (pendant notre actuelle vie corporelle), un souvenir précis de ce que nous avons été antérieurement et de ce que nous avons fait de bien ou de mal dans nos existences passées, nous en avons néanmoins l'intuition et nos tendances instinctives sont une réminiscence de notre passé, auxquelles notre conscience (qui est le désir que nous avons conçu de ne plus commettre les mêmes fautes et de progresser vers l’Eveil) nous avertit de résister.
Guillaume a écrit :"Après tout, je ne me souviendrais plus de rien dans ma prochaine vie" Comme s'il suffisait de dormir pour oublier.
Un peu, oui… c’est un très bon exemple. Selon mon approche, c'est après la mort physique, dans les mondes supérieurs des
bardos, lorsque le souvenir des existences malheureuses n'est plus qu'un mauvais rêve, qu'elles se présentent à la mémoire. Dans les mondes inférieurs (tel que le nôtre en plein
kali-yuga), il me semble fortement que les malheurs présents seraient encore plus aggravés par des souvenirs résiduels de ce que l’on aurait pu endurer auparavant.
D’autre part, il me semble que le souvenir de nos individualités antérieures aurait des inconvénients très graves : sans citer d’exemple, il pourrait dans certains cas, nous humilier étrangement ou dans d'autres exalter notre orgueil, et de par cela entraver nos capacité de libre arbitre et de décision.
Il me semble que notre esprit (
sems) dispose pour nous améliorer vers
rig pa de juste ce qui nous est nécessaire et peut nous suffire : la voix de la conscience et nos tendances instinctives. Il nous ôte judicieusement ce qui pourrait nous nuire.
De plus, je me permet d’ajouter encore que si nous avions le souvenir de nos actes antérieurs personnels, nous aurions également (tout à fait logiquement) celui des actes d'autrui et cette immense connaissance pourrait avoir de néfastes ou très fâcheux effets sur les relations sociales. En effet, n'ayant certainement pas toujours lieu de nous glorifier de notre passé, il est souvent bienheureux qu'un voile obscurcissant soit jeté dessus.
Guillaume a écrit :Je pense plutôt que toute parole, pensée, ou action que nous entreprenons aujourd'hui fleurit dans le temps, se matérialise et nous reviens dans cette vie actuelle
Je suis absolument d’accord avec ce principe (mais sans pour autant qu’il y ait souvenir de ses existences antérieures). Ce que tu expliques là est en effet une vision du
karma qui détaille comment le conditionnement éprouvé par un individu résulte de ses actes antérieurs et comment son devenir se détermine par son comportement présent.
Le
karma peut être effectivement acte du corps (par les gestes), de la parole (par la verbalisation) ou de l'esprit (par les pensées) et porte un fruit dans cette vie, dans la prochaine ou au cours de naissances successives, si les circonstances requises sont réunies et seulement dans ce cas (des
karmas, faibles ou contrariés par un k
arma de type opposé, peuvent ne jamais porter de fruit).
Guillaume a écrit :la possibilité de racheter ses erreurs, quelqu'elles soient. Mais que si nous en faisons, cela peut se répercuter sur plusieurs vies.
Je le pense aussi, du moins je pense que (selon l’avancement spirituel de chacun) celles et ceux qui doivent recommencer le même type d'existence (souvent douloureuse) sont précisément celles et ceux qui faillent à leur mission ou à leurs épreuves.
Guillaume a écrit :Pourquoi des enfants naissent ils handicapés ? Porteraient ils le karma des parents ? Cela serait il juste ?
Ce ne serait pas juste en effet. Il ne peuvent pas porter le
karma de leurs parents. Ce cycle des actions engendrées est individuel est propre à chacun. Chacun est en effet libre d'influencer son sort, en fonction de la qualité des actions qu'il commet. La loi du
karma est néanmoins parfaitement non maîtrisable. C'est elle qui régit tous les actes que chacun produit, ce qui explique que rien n'est laissé au hasard.
Je suis intimement convaincu que nous sommes tous égaux (l’état de
bouddha dormant en notre sein), mais chacun d'entre nous a plus ou moins vécu et par conséquent plus ou moins acquis. La différence est dans le seul degré d’expérience et dans la volonté (qui est le libre arbitre). En partant de là, les uns vont se perfectionner plus rapidement, ce qui leur donnera des aptitudes diverses. Il me semble que le complexe mélange des aptitudes est parfaitement nécessaire, afin que chacun puisse concourir aux vues de la providence dans la limite du développement de ses forces physiques et intellectuelles : c’est à dire que ce que l'un ne fait pas, l'autre le fait… et c'est ainsi que chacun a son rôle utile (même les enfants qui naissent handicapés).