ame a écrit :Je trouve cela dommage, de ne pas pouvoir échanger avec d'autres érudits. Je ne vois pas le mal d'échanger techniques de méditations. La paix intérieur est le plus grand bien, donc quelle sont les dangers?
Le véritable souci, c’est que personne n’est érudit ici (ou n’à la prétention de l’être). Cela étant, ta question est intéressante et voici la subtilité du problème que l’on peut rencontrer dans une relation d'échange « maître-disciple » hasardeuse. Puisque nous sommes sur Montibet.com, prenons directement l’exemple du bouddhisme
Vajrayana. Tu sais très certainement que ce courant comprend lui-même deux approches principales : (1) la voie de l’intelligence (tib,
shes rab ; skt,
prajnâ) et (2) la voie des méthodes (tib,
thabs ; skt,
upâya).
Je rappelle brièvement que la voie de l’intelligence est une approche sans forme basée sur la pratique de
shiné (skt,
samatha), « la tranquillité » et sur la pratique de
lhagton (skt,
vipasyana), « la vision supérieur », au niveau de l’expérience fondamentale de l’esprit appelée
Mahamudra (ou « grand symbole »). La voie des méthodes quand à elle, utilise différentes pratiques aves des formes, telle que la méditation (ou le
yoga) sur une déité, les six
yogas de
Niguma ou de
Naropa, etc…
Ainsi, tu peux déjà constater par toi-même que suivant nos différentes réceptivités particulières (qui nous sont toutes spécifiques), il est déja possible de nous consacrer plus particulièrement à l’une ou l’autre de ces deux approches (tout en sachant néanmoins qu’elles convergent vers le même but et qu’elle sont complémentaires l’une avec l’autre).
Pour développer un peu le sujet, la méditation sans forme (la pratique de
Mahamudra) est la contemplation directe, la pratique la plus essentielle (pour autant qu’on puisse vraiment l’accomplir) ! Elle propose ainsi l’expérience immédiate de la réalité ultime mais demande une réceptivité toute particulière et présente des difficultés car elle est extrêmement subtile et les risques d’égarement y sont particulièrement grands. En effet, c’est une pratique dite « sans support », en laquelle l’esprit reste dans son état naturel, sans contrainte, sans fabrication du mental, sans même méditation particulière. C’est une pratique très profonde en laquelle beaucoup d’erreur peuvent se glisser, comme d’intellectualiser, d’essayer mentalement de produire un état de repos, de fabriquer tel ou tel type de vacuité de l’esprit, etc… Pour reprendre tes propres termes, perçois-tu un peu mieux à présent le « mal » d'échanger des techniques de méditations ? Le
Mahamudra n'est qu'un exemple parmis d'autre, mais comprends-tu que ce n'est certainement pas une activité qui s'improvise, s'échange, se transmet et se commente au travers d'un topic sur la toile ?
Pour rester avec l'exemple du
Mahamudra, il faut bien comprendre que cette approche « sans support » n’est possible que dans le cadre d’une relation privilégiée entre un maître profondément accompli et un disciple qualifié, hautement réceptif à l’enseignement. C’est alors que, dans une relation directe et personnelle (et seulement dans ce cas), une transmission profonde peut avoir lieu, et les instructions êtres vraiment réalisées. Autrement, sans ce contexte spécifique, les déviations et les mauvaises interprétations sont nombreuses, d’autant plus qu’acquérir quelque expérience dans la méditation sans forme est insuffisant, il faut intégrer cette expérience et la stabiliser dans la vie quotidienne à chaque instant, l’essentiel de la voie consistant à ne jamais quitter l’expérience de l’esprit naturel au-delà de tous les artifices du mental. Et si cet état est gardé à tout moment et quoi que nous fassions (en restant immobile, en marchant, en mangeant ou même en faisant l’amour), alors c’est parfait ! Ce n’est donc pas si simple comme tu peux le constater par toi-même et ce n’est donc certainement pas sur un forum que de tels enseignements (pour prendre ce seul exemple) seront dispensés d’un maître érudit à un auditeur.
ame a écrit :il y a sûrement quelqu'un qui pourrait me parler des mantras! Et qui n'est pas: om mani padme hum.
Pour faire les choses dans l’ordre, nous pourrions peut être déjà préalablement parlé des déités avant d’évoquer leur
mantras. Il me semble essentiel d’en comprendre la profonde subtilité avant de s’évertuer à en psalmodier les respectives formules de puissance. Tu ne penses pas ? Une chose m'intrigue légèrement : je trouve quelque peu surprenant que tu semble réticent au
mani-mantra. En aurais-tu déjà parachevé l’intégralité du
sâdhana ? C’est pourtant l'une des premières pratiques essentielles à mettre en œuvre pour cheminer dans le
Dharma. Non ?
En espérant avoir put répondre à ta question, je te souhaite une belle journée.
Bhikkhus.